Après deux écoutes, "Skeleton Tree", le nouvel album du caverneux Nick, apparaît déjà comme une livraison des plus exceptionnelles, qui va prendre tout son temps pour se révéler pleinement. Je doute qu'il faille raisonner en termes de chansons avec ce disque (et ce même en dépit de la monumentale ouverture "Jesus Alone", qui entre d'emblée au Panthéon des plus grands moments de la carrière de Cave). Non, "Skeleton Tree" est un poème musical relativement peu divisible de quarante minutes, qui demande simplement à ce que l'on se jette dedans à plein corps, sans se soucier des titres des morceaux, ou de leur durée. C'est une oeuvre en soi, au souffle vaste et océanique qui nous tient toujours éloignés de l'ennui, et qui n'est pas sans rappeler l'atmosphère des derniers disques de Talk Talk, ou des grandes heures de Robert Wyatt, non pour la musique elle-même mais pour la facilité de celle-ci à envoûter et happer sur l'ensemble de sa durée, à n'être qu'une pièce continue en permanente expansion. En cela, Cave est allé encore au-delà de "Push The Sky Away", qui restait une - magnifique - collection de chansons. Et, alors qu'on s'était légitimement demandé si ce précédent album n'était pas le meilleur de Nick, "Skeleton Tree" semble déjà le laisser sur place.