Quand une actrice fait un album, on peut parler de récréation, de marotte passagère ou autre expression un peu condescendante (remember Isabelle Adjani, Sophie Marceau…). Mais quand le deuxième opus sort, on commence à se dire que finalement, il s’agit peut-être d’une reconversion ou d’une double carrière à part entière (une notion qui choque toujours les Français toujours prompts à mettre les gens dans les cases). Après Paramour, Jeanne Balibar publie donc Slalom dame, un titre sans peu de rapport avec le contenu du disque (pas d’ode à Val d’Isère en vue) mais au final qui va bien à cette actrice-chanteuse qui glisse avec aisance entre les étiquettes et les styles musicaux. On pouvait imaginer que la voix de Jeanne Balibar, sa diction si particulière et ses intonations un peu chevrotantes, pourrait en faire aisément une chanteuse sur les traces vocales de Barbara (et c’est le cas).
Mais on ne pouvait pas lui espérer mieux que de trouver en Rodolphe Burger, son mentor musical. Déjà aux commandes de Paramour, l’ex leader de Kat Onoma tire sa chanteuse du côté du rock et nous fait apprécier au passage ses déambulations guitaristiques et sa vibration électrique (l’album a dû être composé au même moment que la BO de « Bled number one », du même Burger). Assujetti de bonne grâce à sa chanteuse (et donc à un format chanson), Burger a une liberté de ton qui ne se fait jamais au détriment de la mélodie elle-même. Ce qui nous vaut donc des titres de fins slalomeurs (Rien). Dans cet entre-deux et cette humeur triste, Balibar devient même un Dominique A. au féminin (Neologie) ou une nouvelle femme Blessée tendance guitare noise et programmations organiques (Ton diable). Et comme après tout Jeanne Balibar fait de la musique par plaisir (la chanson n’est qu’un bonus), la jolie brune s’amuse en égérie psychobilly (Sex and Vegetables) ou en diva hollywoodienne années 30 (Wish u). Slalom dame, l’autre album de qualité offert par une actrice-chanteuse.