Avec le dernier Múm, on hésite entre un « Miam » de délectation et un « hum » de perplexité. Un festival d’onomatopée pour un album qui fait le job, mais ne surprend plus.
C’est un peu le problème de tous les groupes de se renouveler et les Islandais n’échappent pas à la règle ; même si le line up de Múm a perpétuellement changé. Et le charme incommensurable émanant de Finally we are no one, s’est quelque peu – et mécaniquement – émoussé avec le temps. Le groupe était alors à l’avant-garde d’une électronica destinée à l’usage de la pop. Un peu plus de dix ans plus tard, Múm est devenu un classique qui entretient encore la flamme. Bénéficiant du retour de la violoncelliste Gyða Valtýsdóttir, le groupe envoute encore sur Toothwheels en ouverture de Smilewound, leur sixième album – le premier depuis 2009. Le morceau est quelque peu pompier mais l’alliance de la voix d’elfe de Sigurlaug Gísladóttir , des cordes classiques et des programmations électronica aboutit à un bien joli mariage. Avec The Colorful stabwound, on marche aussi en terrain connu (on aurait plus imaginer le morceau signé par Lali Puna) mais on marche quand même, bougeant volontier au son d’une basse bondissante. Gai et impertinent, When Girls collide ravira l’amateur de synthé pop dansante et ludique.
Mais une chose est sûre, Mùm ne sera plus désormais considéré comme « original ». A l’image de leur label, Morr Music, ils sont passés du stade d’ »expérimentateurs de la forme » à celui de « maison de qualité ». Leur musique pourrait être même considérée, par moments, comme grand public. Les Islandais hésitent d’ailleurs entre les deux postures, y aller franchement ou rester expérimentaux dans leur tête. La présence de Kylie Minogue sur le dernier Whistle a de quoi effrayer (même si l’on se rappelle que l’Australienne a sû avoir bon goût par le passé). Raté ! ce dernier morceau, thème du film « Jack et Diane », est un des plus intrigants du disque, lente marche sacrée en voie d’évaporation. Les titres qui peuvent faire grincer des dents sont à chercher ailleurs. Underwater Snow ou Candlesticks. Avec eux, ce sont surtout les lignes de chant qui peuvent être incriminés : un remugle de soupes popisantes derrière les programmation techno, l’ensemble est peu digeste.
Il y a One smile, honorable morceau qui évoque la world des proches, géographiquement, Bel Canto. Il y a aussi Time to scream and shout, joli petite berçeuse quand même anecdotique. Mais le vrai sujet de satisfaction encore plus que Toothwheels ou The Colorful Stabwound, est à chercher du côté de Eternity is the wait between Breaths ; une poésie folle plane sur des atmosphères de bruitisme enfantin, on retrouve Múm à son meilleur. Preuve qu’il ne faudrait sûrement pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Peut-être que l’objet d’un léger désaveu réside tout simplement parce que Múm a vieilli, et que peut-être que nous aussi. Et la magie s’est, dès lors, évaporée pour laisser la place au savoir-faire. Ainsi va la vie.