Publié trois ans après On Your Feet On Your Knees, Some Enchanted Evening est le deuxième album live de Blue Öyster Cult. Dans sa version d’origine, il ne contient aucun titre commun avec le précédent et se focalise donc sur la période qui s’étend entre les deux opus. Plus mélodique et moins direct qu’On Your Feet On Your Knees, il présente un groupe un peu plus progressif et moins influencé par le proto-punk, même si, paradoxalement, les Américains nous proposent une reprise du « Kick Out the Jams » des MC5. L’auditeur peut y savourer de longs échanges de guitares qui transcendent cinq classiques du groupe, ainsi que deux reprises, puisqu’en plus de « Kick Out the Jams » on a droit au « We Gotta Get out of This Place » des Animals.. Dans sa version simple, Some Enchanted Evening a toujours paru trop court aux fans et aux critiques, avec ces ajouts, il devient un live incontournable.
L’album débute par « R.U. Ready 2 Rock », un nouveau morceau extrait de Spectres (1977) qui soutient immédiatement la comparaison avec les autres compositions. Agrémenté d’un piano, de jolies interventions de guitares, il s’appuie sur un beau refrain et une construction plus subtile qu’il n’y paraît. Suit « E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) », d’Agents of Fortune (1976), une chanson immédiatement adoptée par les fans, tant elle allie tout ce qu’ils aiment chez Blue Öyster Cult : un gros riff, des mélodies vocales soignées, un refrain original et énormément de guitares. Plus subtil, « Astronomy », étrangement absent du live précédent, est une pierre angulaire de la discographie du groupe, avec ses riffs subtils, ses arrangements de grande classe et ses duels de guitares. Etendue sur plus de 8 minutes, cette version est superbe.
La face B débute par la déferlante « Kick Out the Jams » qui présente la face la plus rock du groupe et qui tranche avec le reste de l’album. Déchaînés, les musiciens nous en livrent une version vitaminée. Il faut une extraordinaire version de « Godzilla », un titre issu de Spectres et devenu immédiatement incontournable pour montrer que le groupe est capable lui aussi de sortir des classiques. Il en va de même avec la bombe « (Don't Fear) The Reaper » d’Agents of Fortune pour asseoir définitivement le groupe parmi les valeurs sûres du hard rock. En un peu plus 6 minutes, les Américains mettent tout le monde d’accord : mélodies, technique, feeling et puissance. La reprise des Animals est finalement en dessous des titres de Blue Öyster Cult, même si, à l’époque, ce ne devait pas être leur impression. Ce rock teinté de blues sied parfaitement aux Américains qui en livrent une belle version, éclipsée par les deux titres qui la précèdent.