La Mort - Chapitre 3 - Guérison spirituelle
1990. Deux ans après l'inhumain "Leprosy", Chuck et ses comparses décident d'entamer leur troisième album. Là encore, ils vont enregistrer ça aux studios Morrisound. Cependant, le line-up a quelque peu changé. Rick Rozz a dégagé pour faire place à un petit jeune, du nom de James Murphy. La question que nous nous posions la dernière fois se repose ici : "Comment ont-ils évolué ?". Avant de présenter longuement l'album et ses changements par rapport au précédent, je peux déjà vous dire (en guise d'indice) qu'à l'époque, les fans avaient été très déçus de cet album.
Comme d'habitude, commençons par la musique en elle-même. Il suffit de regarder la longueur des morceaux pour comprendre qu'il s'est passé un truc dans la tête de Chuck Schuldiner : le morceau-titre frôle les 8 minutes. Et bien, vous ne rêvez pas : Death a ajouté un certain côté progressif à sa musique. Les structures sont compliquées (les ponts et interludes viennent à foison, sur "Spiritual Healing" et "Within the Mind" par exemple) et les riffs plus complexes que sur les deux premiers albums du groupe. Je comprends, c'est difficile de croire à une chose pareille après avoir constaté la boucherie sanguinolente qu'étaient "Scream Bloody Gore" et "Leprosy". Vous vous êtes remis de vos émotions ? Tant mieux, car ce n'est pas le seul changement majeur dans la musique du combo. En effet, nos quatre gaillards se sont mis à faire du Death Metal technique. Certes, c'est pas du niveau de Cynic ou Atheist, mais quelque chose nous dit que ça va s'en approcher avec les années (faut vraiment que j'arrête de spoil). D'ailleurs, de nos jours, "Spiritual Healing" est considéré comme l'album sur lequel le génie de Chuck a explosé (mais restera-t-il ?). Cela ne veux pas dire que c'est le meilleur album de Death, cela veut dire qu'à ce moment-là, il y a eu quelque chose. Ce quelque chose, on le ressent bien à l'écoute de "Spiritual Healing". Si les deux premiers disques du groupe étaient infernaux, ici c'est soit génial et compliqué (et donc on s'y perd), soit c'est carrément planant, tellement on a l'impression de nager dans le génie de Chuck. Mais bon, histoire de pas trop dégoûter les nostalgiques de 1987, il y a toujours des riffs qui tuent, sauf qu'ils sont employés de façon beaucoup plus intelligente, réfléchie et novatrice.
La caractère jouissivement complexe de la musique est certes un important changement de direction dans l'histoire du groupe, mais les paroles de ce disque le sont aussi. Cette fois, c'est vraiment terminé, les zombies anthropophages et les cadavres pourrissant dans la boue. Les nouveaux thèmes ? Des critiques des problèmes de société de l'époque. Bon alors bien sûr, pour critiquer ils sont pas encore trop habitués à la finesse ("she's a stupid bitch" sur "Living Monstrosity") mais c'est déjà un grand pas en avant. On parle du mensonge lié à la religion ("Spiritual Healing") ou des femmes enceintes toxicomanes qui accouchent de bébés accros à la cocaïne ("Living Monstrosity"), et ça colle vachement bien à la musique. Les refrains sont enfin des vrais refrains, et puisque que les paroles suivent les structures des morceaux, elles sont donc elles aussi dotées de structures alambiquées).
Vous l'aurez compris, cette fois-ci, tout change. C'est à ce moment là que l'on se rend compte que le changement entre les deux premiers albums de Death était vraiment minime, contrairement aux apparences laissées par l'écoute de "Leprosy". Une nouvelle fois, on ne peut que se poser des questions sur l'album suivant du groupe : vont-ils continuer dans ce style plus technique et progressif ? Comment Chuck va prendre en compte la mauvaise réaction des fans face à cet album (qui est pourtant un immense chef-d'œuvre) ? Cela aura-t-il un impact sur la musique et/ou les paroles du groupe ? Suite au prochain chapitre.