Bobby Mc Ferrin nous a habitué à un jazz improvisé coloré. Une musique qui respire la liberté et le spiritualité.
Ici, il nous plonge dans un univers plus Spiritual, comme le nom de l'album l'indique. Avec ce brio qui le caractérise, il nous prouve que cette musique peut être légère. Souvent, je trouve au Spiritual cette lourdeur qu'on peut retrouver dans le Blues. Faites pour expier, extérioriser et sublimer nos souffrances, ces musiques sont habitées des peines et des cicatrices de leurs compositeurs. Or, dans cet opus, ce n'est pas le cas.
Par ailleurs, il amène un côté folk, voire country, et c'est bien là la force de ce magicien de la musique. Il parvient à faire se côtoyer ces deux genres différents sur bien des points, notamment historiques et humains. Le black spirital et la folk sont bien des représentants de l'histoire américaine, dans ses couleurs ethniques comme dans ses combats sociaux. Et ici, ils forment un tout dans cet album, d'où certainement le jeu de mot du titre.
Chanter est certainement la raison d'être de Mc Ferrin ; même ses enfants chantent. Il nous amène souvent dans son énergie musicale en nous faisant chanter nous-mêmes, en live comme sur album. Et c'est encore présent dans cette galette.
Le style est subtilement manié, avec la touche de l'artiste. On est dans un autre registre par rapport à l'habitude jazz. Et justement ! Bobby sait se décaler, se remettre en question, avec ce talent qui l'habite.
Musique et spiritualité sont donc ici bien entremêlées, et si vous prenez le temps de plusieurs écoutes, comme moi, vous écouterez certainement ce voyage différemment. C'est, je pense, ce qu'a voulu Monsieur "improvisation".