Kate Rogers est présentée comme l'alternative canadienne à Dido. Ce qui a de quoi surprendre, non pas sur le timbre ou les aptitudes vocales de cette (nouvelle) charmante blonde, mais au vu de son CV. Vocaliste de luxe pour le label Grand Central (Aim, Fingathing), Kate Rogers se devait de franchir le pas de l'album solo mais on imaginait celui-ci plus empreint d' électronique et plus avide de recherches sonores. Or il n'en ait rien. Il y a bien une chanson folk qui relie un sirtaki fainéant (!) à des programmations alertes (Nothing appeals to me here). Il y a aussi Sidelines qui rappelle que la belle a posé sa voix sur des titres de Rae et Christian et dont la guitare aurait pu être tenu par Keziah Jones. Mais le reste tranche avec son passé et se place dans une tradition d'un folk, lumineux et grand public. C'est vrai qu'il y a du Dido là-dedans mais Kate Rogers ne tombe que rarement dans les plans bateaux de la star multi-platinée. Elle vaut mieux que ça car elle a un atout pour elle (au delà de sa voix impeccable pour ce genre d'exercice) : Kate garde souvent le goût de la simplicité vraie, ce même intimisme que l'on retrouve régulièrement chez Suzanne Vega (The Apology) ou qui a fait le meilleur de Edie Brickell (Vous vous rappelez What I am). Et ce, même quand elle préfère le son d'une programmation à celui d'une batterie (This collective). Prenez un titre comme Not ten years ago par exemple, un petit picking à la guitare, un rimshot sur la batterie et la voix de Kate et il n'en suffit pas plus pour proposer un titre aussi touchant qu'alerte. Au final, pour celui qui sait à quoi s'attendre, St Eustacia est un bon petit album, le genre qui pourrait se vendre comme des petits pains s'il était dignement promu.