Rien ne vaut le son des 70's : les instruments et les techniques d'enregistrement sont plus élaborés que dans les 60's tandis que les synthétiseurs n'ont pas encore pris le pas sur les guitares. Et les ROLLING STONES commencent la décennie magistralement : Sticky Fingers est leur album le plus varié (rock n’roll, folk, blues, country) un des plus riches (on y entend du piano, de l’orgue, des cordes, du saxo, de la trompette) et le plus abouti. En 1971, ils maîtrisent leur art à la perfection et Mick TAYLOR apporte – avec ses solos de guitare – sa pierre à l'édifice.
Le son est bien meilleur que sur Exile on Main St. et les morceaux plus soignés.
Brown Sugar. Excellente entrée en matière. Ce premier single deviendra un classique, toujours joué en concert 30 ans plus tard.
Sway. Changement de rythme, après le rapide Brown Sugar. Mick JAGGER à la guitare rythmique – en plus du chant bien sûr – pour palier la défection de Keith RICHARDS (qui se contente des harmonies vocales). Deux très bons solos de Mick TAYLOR. Le piano de Nicky HOPKINS et des cordes pour un résultat plus que correct.
Wild Horses. Magnifique ballade comme savent les trousser les plus grands groupes de rock. C’est l’autre hit de l’album. 5’44 de bonheur.
Can’t you hear me knocking. Le morceau inclassable de Sticky Fingers ; qui fait cependant son charme. Une première partie ‘classique’ de 2’40 – avec le riff qui va bien – suivie de 4’30 de jam improvisée, marquée par le solo de Bobby KEYS au saxophone puis par un solo d’anthologie de Mick TAYLOR. Cette deuxième partie d’inspiration latino rock évoque Carlos SANTANA.
You Gotta Move. Reprise de Mississipi Fred Mc DOWELL qui a enregistré ce gospel blues (d’origine) en 1965. Une chanson courte et très typée que j’apprécie moyennement.
Bitch. Mon titre préféré. Le son est agressif (comme les paroles, franchement misogynes), électrique, proche d’un hard rock à la LED ZEPPELIN. Chaque membre du groupe contribue à la réussite de ce morceau, renforcé par la section de cuivres formée de Bobby KEYS et de Jim PRICE.
I Got the Blues. LE morceau blues de l’album – comme son nom l’indique – qui ne soit pas une reprise. Il ressemble pourtant à s’y tromper à du Otis REDDING ou à du Wilson PICKETT. Les cuivres sont omniprésents mais c’est l’orgue de Billy PRESTON qui enlève littéralement le morceau avec un solo très inspiré aux accents soul et gospel.
Sister Morphine est un titre majeur de Sticky Fingers marqué par l’écriture de Marianne FAITHFULL et la guitare slide de Ry COODER. Une chanson sombre et lumineuse à la fois.
Dead Flowers. Encore des paroles tristes, mais relevées par une musicalité country. Cette chanson deviendra d’ailleurs un standard de la country music, genre que j’affectionne aussi.
Moonlight Mile clos le 9ème opus des ROLLING STONES sur une note douce et délicate. Enregistré sans son guitariste vedette (Keith RICHARDS), Moonlight Mile débute avec la guitare acoustique de Mick JAGGER (qui livre une prestation vocale remarquable, sur des paroles très poétiques), à laquelle répond magistralement la Gibson de Mick TAYLOR. La section rythmique s’adapte au rythme et au style du morceau ; Jim PRICE est au piano (il a délaissé sa trompette) tandis que des arrangements de cordes viennent enrichir le tout. Une superbe conclusion.
Ce premier album du label Rolling Stones Records (le quintette londonien a quitté Decca), dont la pochette d’Andy WARHOL fera beaucoup parler, est un pur chef-d’œuvre.