Quand on y réfléchit bien il semble invraisemblable que Schubert ait réussi une fusion aussi parfaite entre une audace sans borne et une sérénité aussi solaire. Il n'y a chez lui jamais de pathos, jamais de lourdeur. La musique plane, monte, descend, rebondit sans jamais se vautrer dans le trivial. Ici le résultat est d'autant plus incroyable qu'en écrivant cette dernière œuvre de chambre il était à l'article de la mort! Enfin, je ne vais pas épiloguer sur la perfection de cette musique, qui culmine dans l'Adagio central, saisissant de limpidité et de profondeur méditative en dépit de ses modulations sauvages. Je me bornerai à dire que cette œuvre est un des sommets de la carrière d'un des plus grands.
Et il est ici parfaitement servi par le Mélos et Rostro soi-même, qui livrent une prestation toute en retenue, un rien plus aérée que la version Alban Berg Quartet/Schiff (même si mes souvenirs commencent à dater un peu, je le reconnais). Ce n'est certainement pas la seule version qui vaille, l'offre étant bien entendu plutôt généreuse, mais c'est une très belle version qui met justement en valeur le chef-d'œuvre qu'elle aborde.