On déconne pas avec le Black Metal. La première moitié furibarde de Dream House, le morceau qui introduit le deuxième disque du groupe, est là pour faire fuir les inconscients qui se seraient aventurés loin de leur terre. Un fracas de tôle, un séisme, un cataclysme. Pourtant après cinq minutes, le son s'apaise et prend sa forme définitive. Il y a bien des hurlements gutturaux, il y a bien la double-pédale épileptique, il y a le déluge de guitares mais il y a aussi de nombreux passages acoustiques (Irresistible), quelques poussées vers l'Ambient, la Noise ou le Post-Rock et une citation de Kundera lue par le chanteur du groupe français Alcest..
Exigeant dans sa structure mais généreux avec les émotions, le disque de Deafheaven est d'une beauté rare, épique et intimiste à la fois. Une heure en flux tendu où l'on nage en pleine félicité. La dualité de Sunbather est importante et repose sur un équilibre parfaitement maitrisé par Clarke et McCoy, les fondateurs du groupe, mais il ne faudrait pas oublier l'extraordinaire travail du batteur.
Avec des compositions qui frôlent le quart d'heure (Vertigo) et qui défient les conventions, la musique du groupe de San Francisco dépasse les frontières de son genre de naissance. « Le meilleur album de Metal de l'année pour les gens qui n'écoutent pas de Metal » c'est presque devenu un label mais ça ne veut pas dire que nos amis satanistes à poils longs doivent bouder leur plaisir.