"Ce Putain de Jazz"

Rap Contenders. C'est à travers ce ring à battles punchlinesques qu'un homme aux fringues antédiluviennes, fouettant le bateau du Commandant Cousteau, se détache très vite grâce à son style, son cheveu sur la langue et surtout, grâce à ses phases assassines : "Quand tu prends le cro-mi ça foire, on t'a menti si on t'a promis la gloire. En plus ton visage n'est pas très joli à voir, pour toi, le port de la burqa devrait être obligatoire !" (R.C édition 3, face à Pand'Or)

L'homme dont je vous cause, c'est Jazzy Bazz - retenez bien ce blase, vous en entendrez bientôt parler - un rappeur underground du 19e arrondissement, évoluant au sein du groupe qu'il forme avec son partenaire Esso, appelé La Cool Connexion. Il fait également partie d'un Supergroup Hip-Hop, L'Entourage : un rassemblement de rappeurs qui, à l’origine, évoluent en tant qu’artiste solo ou au sein d’un groupe. Issu de la région parisienne, le collectif comprend également une partie du groupe montant 1995, une équipe de vidéastes ect...
Sur la Route du 3.14 est son premier EP sorti en juillet 2012, composé en seulement 1 mois. Emprunt d'une atmosphère old school dépressivo-psychédélique, cet EP de 30 minutes, est aussi nuancé de Jazz - genre musical dont le rappeur s'inspire continuellement - et par ce fait, classable parmi les OVNI du rap. La mixtape débute avec Ce Putain de Jazz, un morceau amorphe et vaporeux sur un sample de Careless Whisper de George Michael. Il semble errer dans les bordels de la La Nouvelle-Orléans. Un deuxième morceau, que dis-je, une bombe, Dans ma tête, tout aussi lent mais dans un esprit soul porté par un synthé fabuleux réalisé par le beatmaker Loubensky du groupe The Hop. Enfin, on tombe sur LE titre phare de l'album, 64 mesures de Spleen. Une aventure lyrique étouffante et bluffante, une véritable aventure néo-Baudelairienne, entraînée par un flow magique glissant sur le légendaire et mouvant sample de Keep it Real (Miilkbone).

Il met ici son égotrip de côté afin de nous confesser, sans tabou, le côté obscur de son existence. Et si le film PI de Darren Aronofsky nous montre que la vie est une série de chiffres et d'algorithmes qu'on ne peut résoudre, dans cet EP, Jazzy Bazz nous le dit.