« Surrealistic pillow » est le deuxième album, le plus connu et sans doute le meilleur de Jefferson Airplane, sorti en 1967, début de l’épopée « Flower power » partie de San Francisco et dont le groupe fût l'un des principaux protagonistes (et de fait également du mouvement hippie en pleine effervescence), l'année du Summer of love, l'année de tous les possibles, de tous les espoirs, l'une des années qui a révolutionné la musique.
Pour analyser cet album, ce groupe et ce style musical il faut avoir en tête que nous avions là (en Californie), à cette époque, le fer de lance de la contre-culture politique, artistique et sociale, sorte d'avant-garde contre l’Amérique raciste, contre l’autorité, contre la guerre du Viet Nam, pour la libération sexuelle et pour l'hédonisme, une vague qui a ébranlé un temps le système tout puissant américain.
Un immense espoir qui a secoué la jeunesse américaine et le monde et qui fut relayé par les principaux groupes musicaux comme Jefferson Airplane, Scott McKenzie, Grateful dead, Quicksilver Messenger Service…
Après un premier album « Jefferson Airplane Takes Off » sorti en 1966 le groupe décide de changer de batteur et surtout il embauche une nouvelle chanteuse, Grace Slick, qui s’avérera des plus charismatiques et des plus marquantes de sa génération.
Musicalement on a un mélange de folk (que le groupe abandonne néanmoins progressivement mais qui demeure présent sur quelques titres), de pop, de blues et de psychédélique ; quelque part entre Grateful dead, les Byrds, Doors et Mamas and Papas.
"Surrealistic pillow" contient bien évidemment deux titres incontournables et cultes, largement au dessus du lot, deux hymnes ("White Rabbit" qui représente le côté plus rock psychédélique et "Somebody to love" qui lorgne plus vers la ballade hippie folk pop ), le tout emmené de main de maîtres par Grace Slick dans des registres différents, dommage qu'elle ne chante pas sur tous les morceaux car elle arrive à hypnotiser et envoûter l'auditeur par le timbre de sa voix, notamment sur « White Rabbit ».
En 1967 le groupe passe dans de célèbres émissions télévisées tels "The Ed Sullivan Show" ou "The Smothers Brothers Comedy Hour" où leur interprétation de White Rabbit avec en arrière plan des incrustations psychédéliques et des effets d'optique donnant l'impression que la chanteuse est en lévitation au dessus du clavier, reste mémorable et participe à accroître grandement la popularité des californiens, et les fait connaître de l'Amérique entière.
Citons également parmi les moments forts de l'album: « she has a funny car » où Jefferson Airplane, dans un titre où se côtoie blues, pop et folk, montre son sens inné de la mélodie, « Plastic fantastic lover » et « 3/5 of a miles in ten seconds ».
Enregistré au bon moment, au bon endroit mais avec un subtil dosage de pop/rock/folk/blues/psychédélique "Surrealistic Pillow" est donc un classique, un album incontournable, un enregistrement-témoignage magnifique et représentatif d'une époque à jamais révolue (même si je n'adhère pas forcément à tous les titres, par exemple « my best friend » assez quelconque) et dont l'influence va largement au delà du simple contenu musical.
Cet album est à classer à côté du premier Doors, du premier Pink Floyd et de Sergent Peppers des Beatles, tous ces disques étant des précurseurs d'une époque charnière où la musique évolue à vitesse grand V.
Et puis un groupe qui a joué au festival international de musique pop de Monterey en 1967 puis à ceux de de Woodstock, de l'Isle de Wight et d’Altamount en 1969 (bon là dans des conditions très spéciales il est vrai) cela vous situe un peu le niveau et la popularité, cela vous classe définitivement un artiste et ça vous bonifie un C.V jusqu'à la fin de vos jours..
7,5 arrondi à 8/10


White rabbit (version différente de celle de l'album)
https://www.youtube.com/watch?v=WANNqr-vcx0


(Chronique initialement rédigée en mars 2020 puis reprise et complétée en mars 2021)
Parue dans le webzine « Rock in progress » (chroniques garage, psychédélique, rock progressif, pop, blues, blues rock, folk, métal, punk, rock, jazz…)
https://rock-in-progress.blogspot.com/

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le 26 mars 2020

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