Hospitalisé en 69 pour son addiction a la drogue, James Taylor ne peut pas promouvoir son premier album éponyme, qui logiquement floppe commercialement. Néanmoins, alors qu'il est en train de récupérer, il compose de nouvelles chansons et une fois rétabli, signe un contrat de 6 albums avec Warner Bros Records (Apple Records ayant connu la fin qu'on lui connaît), dont le premier est Sweet Baby James. Ce disque le propulsera sur le devant de la scène, et reste aujourd'hui son album le plus estimé globalement.
Le morceau d'introduction, "Sweet Baby James", est une ballade écrite pour son neveu, nommé après lui. C'est notable, c'est l'un des seuls morceaux composé par Taylor a ne pas être "fingerpicked" ! Cette douce berceuse est très réussie, et annonce l'excellence qui arrive sur le reste du disque. Ce que j'apprécie particulièrement dans Sweet Baby James, c'est qu'il s'agit clairement de l'album le plus bluesy de JT. "Lo and Behold", mais surtout "Steamroller Blues" en sont de parfaits exemples. Il n'en perds toutefois pas sa légèreté, et si "Sunny Skies" peut être un peu trop naïve et enfantine à force, "Blossom" est selon moi un de ses meilleurs morceaux, et surtout un de ses plus sous-estimés.
"Oh Baby, Don't You Loose Your Lip on Me" en revanche, pousse la barre un peu trop loin. C'est grosso modo "Steamroller Blues" mais avec Taylor qui exagère ses ad-libs jusqu'au cliché (probablement volontairement d'ailleurs, le morceau semble plus être une plaisanterie qu'autre chose). Dans le rayon des curiosités, on trouve le morceau de fin, "Suite for 20 G", Taylor s'essayant à la suite comme ses compères Crosby, Stills & Nash un an auparavant. Si ce n'est pas un succès aussi retentissant, le morceau reste intéressant, et est une bonne conclusion au disque.
Puis forcément, il faut parler de "Fire and Rain", LE morceau de la carrière de James Taylor, composé suite au suicide d'une amie d'enfance, Suzanne Schnerr. Il ne s'agit pas de son titre le plus élaboré musicalement parlant, mais clairement l'un des mieux écrits, et celui qui transmet le plus d'émotions, on comprends donc son énorme succès outre-Atlantique. Il faut dire que cet album, dans son ensemble, et lui aussi une incroyable réussite, surtout après tout ce que Taylor a surmonté pour en arriver là (problèmes de drogue, échec commercial de son premier disque, etc...). La maturité précoce de ce "gamin" de 22 ans est impressionnante, et me rend jaloux. A 25 ans au moment où j'écris ces lignes, j'aimerai avoir seulement une infime partie de son talent.