chronique écrite en 2002...
Matthieu Malon avait sorti il y a presque deux ans un album " Froids " qui un jour sera réévalué à sa juste valeur. En attendant la suite, le voici qui se paye du bon temps avec un autre projet plus electro-pop appelé Laudanum. Malon s'amuse donc (peut-on raisonnablement appelé un morceau " scenes for a pornographic " en se prenant au sérieux ) mais il ne faudrait pas penser que ce " system :on " n'est qu'une oeuvre anecdotique, un seul passe-temps. On retrouve dans ce projet quelques ingrédients qui avaient déjà fait tout l'intérêt de " Froids ". Déjà, il s'octroie un titre où il chante de sa voix si proche de Murat pour un " Honest " aux accents familiers. Ensuite parce que Laudanum est le terrain de jeu idéal pour retrouver le son de la pop synthétique des 80's. Malon nous avait habitué à cela mais il persiste et signe ici avec " Russian moon ", qui le fait ressembler à Vive la fête. Mieux, il mélange des ingrédients supposés contraire. Prenons le cas de " Afternoon " :rythmique synthétique martelée, sample indus ( " painful " de Sin ?) mais aussi rythmique de guitares funky tout droit sorti de " Shaft ". Au final, un des morceaux les plus étonnants et foisonnants de l'album. Du collage naît la créativité et ce projet n'en manque pas.
En professeur Tournesol, Malon fait des mélanges. " Words and ideas " mixe DJ Shadow et John Barry, deux influences majeures qui rapprochent indéniablement Laudanum de U.N.K.L.E. Il n'oublie son passé rock et met en boucle des murs de guitares sur les efficaces " FBW " (avec la participation vocale de Aidan d'Arab Strap) et " Nitelife ".
Ce bien nommé Laudanum est en fait une des drogues les plus addictives qui soit. Mais rassurez vous, il n' y a à craindre aucun effet secondaire, sauf celui de monter le son irrémédiablement et de faire tourner en boucles.