A Cumberland, Maryland, le temps passe lentement et Michael Nau et Whirtney Mc Graw en profitent pour faire de la musique dans leur salon. A l'écoute de ce troisième album, on se dit que le monde extérieur avec son agitation, ses nouvelles tendances et ses modes éphèmères ne doit pas arriver jusque là. Que la bourgade doit vivre dans une bulle et reste un temoin vivant de l'american way of life d'avant les révolutions de la fin des années 60. Le duo fait donc tout naturellement dans l'Americana : le nom un peu fourre-tout sied bien à Cotton Jones qui englobe country, de folk et de pop dans un esprit effectivement très américain entre redneck et hippie. Rien à dire, les morceaux tiennent la route et distillent une douceur un peu languide dans laquelle on peut aimer se lover. Tout émerge d'une reverb qui met sur les mélodies un glacis un peu
cotonneux ; une sensation entretenue par un orgue qui adoucit les harmonies. Le duo a quand même du mal à passer la seconde et sur la longueur, on finit un peu par s'ennuyer en dépit des tambourins et autres percussions dont le groupe use volontiers. Cotton Jones rappelle parfois un groupe de bal de promo du début des années 60 qui continue de jouer devant une audience clairsemée de fin de soirée. On écoute poliment mais pas de quoi s'extasier. Et puis il y a ce sentiment durable d'un duo plongé dans le formol depuis 50 ans qui ne peut donner qu'un avis à leur sujet. C'est bien mais pas suffisamment non plus pour transcender ce classicisme et faire du duo un artiste important.