« I'm sorry Godspeed You Black Emperor, your shit is good, but Surf Solar's Fuck Buttons is one of the best ten minutes song of all time, OF ALL TIME !!!! » hurlait une jeune gougnafier, sûrement un mec de Pitchfork. Et il n'a pas vraiment tort. Parce qu'à écouter ces dix délicieuses minutes où la montée en puissance est un sacerdoce, où le mur du son est un commandement... on ne saurait décrire mieux ce Surf Solar qui introduit le nouvel album des Fuck Buttons. Bien sûr c'est l'excitation du moment et dans quelques semaines on se rendra compte de l'humiliation à endurer pour avoir fait un raccourci aussi partial. Mais oublions la retenue un moment et restons dans l'ambiance fanboy à socquettes roses.
Il n'y a rien à jeter dans cet album. A part si évidemment on est allergique aux morceaux à rallonge, à la musique électronique ou à la beauté. Chaque rythme martiale répété jusqu'à la transe provoquera des spasmes incontrôlables vous enjoignant à danser. Car oui Tarot Sport se danse. Pas une danse normale (pas un tango, un cha-cha, encore moins une bossa nova) mais avec le son à fond et après une boite entière de pastille à la menthe sauvage extra-fraiche, on pourra envisager de gesticuler dans tous les sens. Car oui se concentrer sur ses mouvements nous ferait perdre le fil de l'album. Un album, un vrai, avec deux tueries à chaque extrémités. Flight of the Feathered Serpent qui conclut l'album est l'exact opposé de Surf Solar. Il est aussi exalté que Surf Solar est minimaliste avec cette fin extraordinaire où tout s'emballe et s'essouffle pour ne laisser que le vide. Sans oublier la tuerie du milieu Olympians qui scotche en onze minutes des paysages oniriques, des horizons verdoyants... C'est beau, c'est plein, c'est parfait.
Fil rouge de l'album, ce mur de son blanc qui transperce les tympans à la première écoute finit par s'estomper dans l'esprit de l'auditeur pour torréfié la mélodie. Ecouter Fuck Buttons c'est un peu comme faire du crack dans une caravane en plein milieu du Nouveau Mexique. D'un gros tas de bruits et divers beats on arrive à obtenir un cristal pur à 97% de méthadone auditive. Et on n'ose penser à nos pauvres tympans si l'on devait assister à un de leurs concerts. Un peu comme My Bloody Valentine mais avec du Propellerheads dedans. De la techno 90's shoegazée et passée à la moulinette post-punk, post-rock, post-hardcore. Une musique transgenre repoussant les simples influences électros même les plus évidentes. Il y a du Kraftwerk là dedans, mais aussi du Can, du Sunn O))), du Talking Heads, du Brian Eno, du Pierre Henry, du Steve Reich... Et c'est quand même le mythique Andrew Weatherhall qui était derrière les manettes pour produire cette merveille, bien supérieur à la première livraison du groupe qui valait déjà son poids en or pur. Une heure seulement d'écoute et des commentaires hystériques à remplir un dictionnaire. Epic.