Summer's Gone
Après 20 ans d'absence, les Beach Boys reviennent (presque) au complet pour un tout nouvel album. Et on a à faire là selon moi à l'un des plus intéressants du groupe. Contrairement à beaucoup d'entre...
le 20 juin 2020
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Après 20 ans d'absence, les Beach Boys reviennent (presque) au complet pour un tout nouvel album. Et on a à faire là selon moi à l'un des plus intéressants du groupe. Contrairement à beaucoup d'entre vous, j'ai été agréablement surpris en le découvrant car je ne m'attendais pas du tout à un tel niveau. Même si l'absence de Carl Wilson et de sa voix angélique ainsi que celle de Dennis se laisse entendre, l'album reste la parfaite manière de conclure leur carrière. Depuis le chef d’œuvre absolu qu'est Holland (1973), le groupe n'a cessé de se diviser et surtout de "surfer" (quel génie) sur les modes éphémères des 80s et 90s pour créer des hits. Même si je suis le premier à défendre des albums comme Keepin' The Summer Alive, 15 Big Ones, L.A, M.I.U ou Still Cruisin', on ne reconnaît et ressent pas du tout le style si particulier des Beach Boys, leurs harmonies à la fois douces et complexes, les changements d'accords surprenants de Brian, des mélodies qui restent en tête mais impossibles à chanter et une instrumentation de malade. Depuis 40 ans, les Beach Boys n'avaient pas sonné de cette manière là, avec un tel vent de fraîcheur. Depuis 40 ans, je n'avais pas ressenti à ce point le génie des compositions de Brian Wilson.
L'album s'ouvre sur le très mélancolique "Think about the days". Cette ballade assez courte et sans paroles n'est pas sans rappeler le "Meant for You" sur Friends (1968) mais qui sonne cette fois plein de nostalgie. Cette introduction lance parfaitement la chanson-titre, "That's Why God Made The Radio". Et même si c'est loin d'être ma chanson préférée de l'album, c'est vraiment un plaisir de retrouver une composition à la suite d'accord improbable mais qui se laisse toutefois écouter avec énormément de plaisir et de légèreté. Ce genre de musique dont seulement Brian en a le secret. Puis vient "Isn't it Time" que j'aime particulièrement car j'y ressens la même atmosphère que dans l'ère "Smiley Smile/Friends"(1967/1968) bien qu'on y entende des sonorités typiquement années 2010.
Puis, les 5 chansons qui suivent sont sympathiques mais sont bien loin d'être des chefs d’œuvre. J'ai appris qu'elles étaient principalement de Mike Love et ça ne m'étonne pas tant que ça. On nous parle de vacances, de plages et de soleil, des thèmes propres au groupe mais... ça sonne biiieeen plus comme des tubes bidons des années 90 que comme l'album "All Summer Long" par exemple qui aborde ces mêmes thématiques. Et puis, c'est dans ces chansons qu'on ressent énormément l'utilisation de l'autotune qui en devient parfois insupportable. Mais bon, malgré tous les problèmes que j'ai cité, les harmonies de ces 5 titres sont toujours parfaitement maîtrisés et ça s'écoute avec énormément de plaisir. Le refrain de "The Private Life of Bill and Sue" est extrêmement plaisant, "Shelter" (qui, malgré ça ressemblance avec "Darlin'" sur Wild Honey, ne sonne pas du tout un morceau des Beach Boys) fonctionne à merveille et l'introduction de "Beaches in Mind" fait partie des meilleurs du groupe.
Puis vient, "Strange World" qui marque une énorme rupture avec ce que l'on a pu entendre auparavant. On quitte totalement le domaine des vacances et de la plage pour passer à ce que j'aime appeler "les délires de Brian Wilson". Et là, ça devient sacrément bon... Musicalement, les couplets de cette chanson sont une merveille absolue, notamment grâce à cette partie de piano.
Puis, comme conclusion arrive le triptyque finale qui est, sans aucune hésitation, la plus belle chose que le groupe ait pu produire depuis Sunflower (1970). En considérant ces œuvres comme les dernières du groupe, l'émotion est extrêmement forte. "From There to Back Again" fait même selon moi partie des plus grandes œuvres de Brian Wilson. La chanson est construite comme une sorte de "Surf's Up" mais qui sonne bien plus nostalgique. L'instrumentation y est fabuleuse et les percussions rappellent très clairement celles d'Hal Blaine sur Pet Sounds. Et "Summer's Gone", et une parfaite manière de conclure leur carrière.
Même si l'album est loin d'être parfait (quelques titres plaisants mais assez pauvres musicalement, présence parfois insupportable de l'autotune...), le groupe nous offre selon moi le parfait album de fin de carrière. Comme pour Abbey Road 43 ans auparavant, on retrouve beaucoup de titres dans l'esprit du groupe avec une fraîcheur inédite mais également un triptyque final merveilleux qui sert de parfaite conclusion à leur entière carrière. Une bien meilleure manière de conclure cette formidable histoire que l'affreux Summer in Paradise (1992)...
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le 20 juin 2020
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