The Bends
7.5
The Bends

Album de Radiohead (1995)

"Mais lâchez-moi avec Creep bordel! Bon les gars, va falloir prouver que ce morceau n'est qu'une erreur de parcours et qu'on sait faire autre chose!"
Quand on y pense, Radiohead a certainement été complètement traumatisé par ce titre, car tel était leur volonté quand ils ont commencé The Bends.... et puis cette volonté de toujours se renouveler, de toujours surprendre ne les a plus jamais quitté, ce qui reste leur plus grande force, aujourd'hui encore...
Faut dire, ils avaient bien tendu le bâton pour se faire battre les oxfordiens... Sur Pablo Honey, seul Creep rayonnait, ce qui donnait encore plus d'aura à ce morceau il faut bien l'avouer splendide. Le reste de l'album est à oublier sauf pour les inconditionnels (comme moi) qui verront quand même des titres à sauver du naufrage (Stop Whispering, You, Blow Out...)


Alors pour The Bends, le but est de bousculer les idées reçues et donc d'asseoir Radiohead parmi les groupes importants de l'époque. On va dire que c'est plutôt réussi, mais un peu rétroactivement, car The Bends fait parti de ces albums qui comme les bons vins prennent de la valeur, de l'importance, avec l'ancienneté, lorsqu'on regarde dans le rétroviseur et qu'on étudie l'évolution du rock et du groupe. On peut se rendre compte aujourd'hui du tournant musical auquel a contribué ce disque, alors qu'à l'époque, il n'est pas passé inaperçu mais presque... C'est insensé... On a préféré retenir la guéguerre Oasis vs Blur et ignoré cet album pourtant mille fois haut dessus du lot...


C'est simple, il comporte les meilleurs morceaux de Radiohead tout album confondu.
Ne citons que ces trois-là :
- Fake Plastic Trees, culte par excellence... Commençant tout doucement, chaleureusement par l'acoustique et la voix feutrée de Thom Yorke, il prend de l'envergure avec l'arrivée de ce magnifique violon du deuxième couplet. Et il explose comme jamais avec la bombe électrique de Greenwood sur le 3ème couplet. Et pendant ce temps, les pseudo refrain enveloppe, repose, protège de toute agression, de par les petites notes silencieuses d'un orgue. Personnellement, jamais une chanson ne m'avait autant touchée, elle vit comme devrait vivre tout être humain, avec des hauts des bas, des apogées, des silences et une fin tout en douceur et complaisance.
- Just, le plus grand morceau Rock du groupe, dont l'intensité n'a jamais été égalée, avec ces arpèges montants et dégringolant, ses changements de tonalité, la voix désincarnée de Thom et ce solo d'aliéné de clôture de morceau.
- Street Spirit, la mort dans l'âme :) Mais quelle joie de vivre! Sérieusement, c'est magnifique et triste à la fois, cette arpège qui nous tient jusqu'à la fin, cette puissance vocale désespérée et cette batterie qui tambourine comme un coeur battant bon gré mal gré...


D'autres morceaux ne sont pas en reste. On retient la douceur de l'introduction de High and Dry, pop somptueuse tout en coton, Bullet Proof...I wish I was tout droit sorti d'un rêve, le titre introductif plutôt couillu Planet Telex (limite electro, précurseur de ce qui allait attendre les auditeurs dans le futur), le viscéral Iron lung partant en vrille en son milieu (comme pour réveiller l'auditeur de sa léthargie habituelle quand il écoute ses tubes préférés, à l'instar de ce satané Creep), et le rock alambiqué de The Bends dont le midtempo apporte une lourdeur malvenue au morceau...


Ce qui cloche dans cet album, c'est le reste. Clairement, il y a des réminiscence de Pablo Honey qui ont hélas survécu et viennent gâché ce magnifique tableau. Nice Dream bien que mignon, ne transporte pas assez haut, Bones au premier abord repousse à cause des cris à la limite de la jouissance de l'ami Thom, Blackstar est sympa mais par rapport au reste sans intérêt, vite oublié... Quand à Sulk.... Quelle horreur. Et quelle erreur de la part de Thom Yorke de croire que c'est en poussant au plus haut sa voix dans les refrains que l'on va ressentir les plus grands frissons. Non vraiment rien à retirer de ce morceau, c'est sirupeux et orgueilleux, tout ce que n'est pas Radiohead.


Au final, The Bends est l'album le plus rock de Radiohead, un album en demi-teinte à cause de certains morceaux "bouche-trou" mais qui reste légendaire grâce à des moments de grâce que peu d'artistes peuvent se targuer d'avoir atteint encore aujourd'hui... Voire aucun.

Jymlink
8
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le 19 mars 2018

Critique lue 224 fois

Jymlink

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