L’oiseau c’est Greg Kurstin, multi-instrumentiste élève du pianiste de Charles Mingus et accessoirement musicien de studio de Beck et producteur pour Flaming lips, Peaches ou Lily Allen. Ouf ! L’abeille c’est Inara George au CV moins fourni mais à la présence vocale charismatique, le genre de fille qui rappelle dans un ample geste gracieux Lisa Ekdahl, Emiliana Torrini, Claudine Longet, Bjork. The Bird and The Bee c’est donc la rencontre d’une pointure et d’une fille qui chante comme d’autres – les danseuses – font des pointes, avec exigence, professionnalisme mais une facilité apparente. La musique du duo a d’ailleurs cette particularité d’être grand public tout en faisant une musique sophistiquée. Un peu comme la bossa Nova, Burt Bacharach ou Lee Hazlewood avait donné le même type d’illusion dans des genres un peu différents.
The Bird and The Bee a donc le pouvoir de vous faire entrer dans une comédie musicale années 60 où sous une pluie torrentielle tout le monde est habillé de couleurs acidulées. C’est frais et léger, moderne dans ces outils mais au charme suranné. On danse avec intelligence comme au meilleur temps de Luscious Jackson (F*cking boyfriend), on se laisse aller dans une rêverie artificielle mais aux effets ultra bénéfiques pour nos cerveaux embrumés. On prend son pied véritablement sur les harmonies Beach Boys-iennes que manient avec aisance Kurstin, comme pour nous rappeler que de la Californie (d’où est originaire le duo) émane un parfum de luxe, calme et volupté. Ce premier album comporte au passage Again and again, single coquin mais fin et racé que l’on écoute again and again. Un futur classique.