The Blackening
7.6
The Blackening

Album de Machine Head (2007)

En ce début des années 2000, The Blackening est un album référentiel en matière de thrash

Ce ne sera pas la première fois que des pochettes d'album se ressemblent étrangement et ce roi mortuaire rappellera aux plus fins observateurs celle d'un certain "Drown In Solitude" du combo FUNERAL MOURNING, sorti récemment. Volontaire ou non, cette pochette au visuel plutôt black old school s'inscrit comme la suite logique de celle de "Through The Ashes Of Empires", sorti il y a déjà quatre ans. Vous savez cette galette dans laquelle de nouveaux espoirs étaient fondés. Le thème était celui de la mort et de ce qui peut encore en jaillir malgré tout. Car on ne pourra oublier la douloureuse période qu'a traversée le combo d'Oakland. Le documentaire présent sur le DVD "Elegies" l'avait d'ailleurs souligné : MACHINE HEAD aurait pu devenir un lointain souvenir, délaissé par les maisons de disques comme un mal propre. Mais le succès de "Through The Ashes Of Empires" a démontré que lorsqu'on persévère, les fans seront toujours derrière, prêts à porter le flambeau. Du coup, le combo de Robb s'est lâché et ayant depuis digéré cette triste expérience, revient remonté comme jamais.

Le travail collectif a été la ligne directrice lors de l'écriture : la recrue salvatrice Phil Demmel a cette fois collaboré de manière significative (dans les arrangements, compositions ...), Adam a participé aux textes et à certaines parties vocales. Ces textes dont le thème principal reste la politique et la religion, reflètent le côté social fortement présent sur "Burn My Eyes". A l'issue, vingt-six chansons ont été composées et les huit meilleures retenues. L'ossature du disque est facilement décortiquable car la moitié des compos font en moyenne dix minutes. Ces dernières sont d'ailleurs dans le prolongement des modèles que sont "Imperium" ou "Descend The Shades Of Night", remplacées ici par la virulente "Clenching The Fists Of Dissent" et l'écorchée "A Farewell To Arms", introduisant et concluant ainsi de la même manière leurs albums respectifs.

Mais ne nous y trompons pas : "The Blackening" est loin d'être une pâle copie de son aîné. Les nombreux soli chiadés, les riffs monumentaux rassemblés autour d'une unité palpable malgré la complexité des morceaux à tiroirs, font de cette nouvelle offrande un joyau du genre, de celle qui marque les esprits. Ce genre que l'on aura du mal d'ailleurs à qualifier de pur Thrash traditionnel. Pour faire simple, disons que MACHINE HEAD pratique du Thrash moderne en y incorporant des influences variées comme notamment la vague NWOBHM. Les majestueux duels de twins guitares entre Robb et Phil ont la même classe que celle de la paire KK Downing / Glenn Tipton pour seul exemple. Un côté épique se dégage alors indéniablement. "Halo" ou "Aesthetics Of Hate" (dédiée à Dimebag Darrell, car inspirée d'un article dénigrant ce dernier et ses fans après son assassinat) le prouvent. La rage représentée par l'urgence du metalcore n'est pas pour autant occultée et le chant toujours vindicatif de Robb est là pour nous le remémorer bien vite. Notons au passage que les voix claires ont pris une place importante (avec aussi ces passages plaintifs issus de la scène néo sans que cela donne forcément l'impression de surfer sur la vague). Pour vous donner une idée, prenez le refrain de "Beautiful Mourning", en duo avec Howard Jones de KILLSWITCH ENGAGE. Cette chanson traite du suicide (très personnelle au niveau des textes) : vitesse pour la colère et mélodie pour la mélancolie sont réunies autour d'une même compo sans que l'auditeur ne s'y perde.

La déflagration émise par la puissance de ce sixième album va évidemment de pair avec une production concoctée de main de maître par le mentor du groupe, le tout mixé une fois n'est pas coutume par Colin Richardson (FEAR FACTORY, NAPALM DEATH ...).

"The Blackening" est-il alors l'album qu'il sera bon de citer dans quelques années comme indispensable à toute discothèque metal qui se respecte ? La réponse est de mon côté positive. On essaiera cependant d'oublier "Now I Lay Thee Down", non déplaisante mais au riff répétitif et au refrain poussif, ou bien encore la fin un tantinet à rallonge de la pourtant monumentale "Aesthetics Of Hate". Mais franchement à part ces remarques dérisoires, que peut-on vraiment reprocher à un opus qui synthétise avec maestria la carrière du combo californien ? Comme la critique est facile et l'art difficile, les esprits qui se complaisent dans la plainte systématique, pourront reprocher que la technique de l'opus nuit à sa spontanéité et donc à l'âme du groupe, que des breaks peut-être trop nombreux cassent parfois la rythmique, que du coup certaines compos sont trop longues, non cohérentes et que des riffs font office de remplissage. Ou bien encore le sempiternel reproche concernant l'utilisation du chant clair que d'autres trouveront irritable. Mais voilà, comment satisfaire pleinement un auditoire sans cesse de plus en plus exigeant, à qui tout est accessible et qui consomme la musique comme un sandwich sur le tard ? On répondra en disant que chaque critique est bonne à prendre certes, mais qu'il faut savoir parfois ne pas trop se poser de questions quand un album s'impose de lui-même.

Ainsi, treize années séparent l'indétrônable "Burn My Eyes" au déjà classique "The Blackening". Une carrière en dent de scie qui retrouve de son éclat dans une période où les albums sortent en masse, pour beaucoup honorables, mais dont la flamme supplémentaire manque cruellement et qui ne fait pas défaut ici.

Renaud-Strato
9
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le 13 oct. 2022

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