Bon, voilà, je dis pas qu'il est nul cet album. Il est même plutôt solide et proche de ce à quoi on pouvait s'attendre. Mais à un moment je me demande un peu : c'est quoi l'intérêt ?
Je veux dire, pourquoi sortir un 16e album sans dévier d'un iota d'un style qui a certes fait ses preuves mais dont ils ont largement fait le tour dans les 15 albums précédents ?
On est en effet arrivés à un point où il est devenu impossible pour Maiden d'écrire une chanson sans s'autoplagier, tellement la palette des accords, des mélodies, des refrains, des émotions est épuisée, usée par 150 chansons. Le groupe avait réussi à renouveler sa recette à plusieurs reprises (sur 7th Son of a 7th Son ou encore sur Brave New World), à réinventer les schémas, à faire varier les proportions, les épices, mais arrive bien un point où avec les mêmes ingrédients on finit par toujours retrouver la même soupe.
Il n'y a qu'à voir sur quoi portait la surprise des fans à l'écoute du premier single, Speed of Light : non pas sur une quelconque innovation du groupe, mais bien sur un son plus typé "Maiden 80s" que "Maiden 2000". À l'image du clip de cette chanson (au demeurant plutôt sympathique), The Book of Souls semble proposer un voyage à travers la discographie du groupe, empruntant tantôt une ligne de basse, tantôt des chœurs, tantôt une intro... À ce titre la palme revient sans conteste à Shadows of a Valley dont l'intro fait bien plus que rappeler Wasted Years (avec, c'est vrai, un petit air d'Out of the Silent Planet).
Mais au fond, il n'y a rien de si détestable à voir une bande de cinquantenaires faire du neuf avec du vieux pour le plaisir de pouvoir proposer une nouvelle tournée à leurs fans et de renflouer un peu les caisses. Reste à voir si les compos valent le coup.
Et puis, pourquoi une heure et demie ? C'est le syndrome Twingo : on a un petit coffre et on essaye de rentrer le maximum de trucs dedans. Pour le coup c'est vraisemblablement l'enthousiasme qui a emporté nos chers anglais. Et vas-y que j'te rajoute un solo, une outro, un pont, un refrain, et puis un autre solo là non ?
L'intention est louable mais le résultat est indigeste, au niveau de l'album d'abord qui manque de variété et lasse, immanquablement (ce ne sont plus que des sursauts qui viennent éveiller notre attention), mais aussi au niveau de beaucoup de chansons qui se retrouvent excessivement allongées. D'autres albums de longueur comparable gardent l'auditeur éveillé en opérant des changements de style, d'intensité... Ici ce ne sont presque que cavalcades endiablées et solos en pilote automatique...
Alors, heureusement, au milieu de tout ça on va retrouver quelques trucs vraiment sympas. Certaines intros notamment sont plutôt bien trouvées, et j'ai plutôt apprécié If Eternity Should Fail et The Book of Souls qui sont assez solides.
Mais la seule chanson qui m'a vraiment marqué, c'est Empire of the Clouds, pièce épique de 18 minutes écrite par Dickinson et scellant l'album. L'intro au piano et violon s'enchaîne étonnamment bien sur des riffs allant crescendo vers le climax de la chanson, qui nous parle du crash d'un zeppelin. Si la structure du morceau est peut-être encore un peu lourde (quelques minutes de moins n'auraient pas fait de mal) on a là un vrai morceau innovant et qui fonctionne... du tonnerre.
Au fond, je suis un peu sévère envers un album dont je n'attendais pas énormément ; je pense qu'il saura contenter les fans qui à force de le réécouter pourront apprécier la plupart de ses chansons, et puis tout le délire autour de l'imagerie maya fera sûrement un joli show. Car ces compositions ne sont pas mauvaises pour autant, les instrumentistes sont toujours au niveau, seul problème : j'ai du mal à leur trouver une âme et je retourne plutôt à Wasted Years...