Bon l'album est sorti il y'a 3 jours, je vais pouvoir faire croire que je l'ai écouté sur CD collector avec livret intégré et non sur Zone de Téléchargement dans une qualité MP3 pas très Halal, tout ça dans le but de donner de la légitimité à mon avis. Et pour couronner le tout, Yyrkoon l'un des principaux haters de Book of Souls (un peu malgré lui) s'en est allé vers la terre du milieu et ne sera donc plus disponible pour répondre à mes arguments. C'est donc le moment opportun pour sortir une critique sur le nouvel album de Iron Maiden.
Pour commencer, je ne suis pas un gros fan du groupe. Si sur tous les albums des années 80 je suis sûr de tomber sur au moins deux excellents titres, le reste ne trouve malheureusement pas grâce à mon oreille. Pour autant, j'ai beaucoup aimé leur dernier né pourtant très décrié par une bonne partie des fans. Loin de moi l'idée de jouer les hipsters, mais je pense sincèrement que ce disque est très bon. Certes imparfait, mais contenant néanmoins pleins de titres très intéressants.
Pourtant je me rappelle lorsque thomasete me vendait l'album quelques mois avant sa sortie. Il me le décrivait comme l'album blanc de Iron Maiden. A la fois innovant, diversifié et permettant à chaque membres de montrer au grand jour sa pâte artistique. Seulement au final, Book of Souls est dans la même lignée que Matter et Final Frontier, avec certes quelques petites touches d'originalité ici et là mais en dehors de Empire of The Clouds (à laquelle je reviendrais toute à l'heure) il n'y a rien de fondamentalement nouveau ou de très diversifié comme ce à quoi on avait pu avoir droit sur Dance of Death, sorti 12 ans plus tôt.
De plus il m'est impossible d'écouter l'album d'une seule traite. En effet il est non seulement très long, mais en plus certains morceaux sont si riches que se les enchaîner tous à la suite revient à froller l'overdose musicale. Ensuite comme je l'ai dis plus haut, ce disque n'est pas très diversifié et beigne dans une homogénéité sonore très marquée. A chaque chanson reviennent les mêmes gimicks caractéristiques de Maiden depuis leurs 35 ans de carrière, ce qui fait qu'on a un peu l'impression d'entendre toujours et encore la même chose à chaque fois.
J'aurais pu en sortir déçu, seulement bien que ma première écoute ne m'avait pas emballé, certaines chansons avaient tout de même retenu mon intention et j'ai décidé de m'y attarder comme si je me trouvais à l'intérieur d'une galerie d'art. Car voyez vous, lorsqu'on est face à une multitudes d’œuvres à la personnalité artistique bien marquée et qui se retrouvent entassées dans une grande galerie, on a tendance à penser qu'elles sont toutes identiques et à ne pas voir leur intérêt propre. Mais si on s'attarde en profondeur sur chacun des tableaux en le contemplant bien, là on se rend compte de sa beauté et on commence à l'apprécier véritablement à sa juste valeur. Ce qui ne veut pas dire que tous les tableaux présents seront des chefs d’œuvres, mais qu'une grande oeuvre d'art pourra surgir de cette galerie là où au premier abord on aurait vu qu'un tas de toiles uniformes et sans intérêts.
Book of Souls c'est exactement la même chose. Ce n'est pas un album que l'on peut juger à la première écoute avec des morceaux simples et efficaces comme ceux des années 80. Ça, ça fait belle lurette que Maiden n'en fait plus. Les nouveaux albums sont plus travaillés et beaucoup moins accessibles qu'autre fois. Afin de les apprécier, il faut savoir être patient, réécouter plusieurs fois les morceaux pour en comprendre les subtilités et les apprécier à leur juste valeur. C'est pour cela que je trouve stupide de baser son avis sur une seule écoute ferme et définitive. Il y'a des œuvres qui se découvrent et s'apprécient petit à petit pour peu qu'on y accorde un peu de notre temps et ce dernier né d'Iron Maiden fait partie de ceux là.
C'est en réécoutant chaque chanson indépendamment du reste de l'album que j'ai pu vraiment découvrir leurs spécificités et les apprécier pour ce qu'elles étaient.
L'album s'ouvre sur If Eternity Should Fail, une des deux chansons composée par Bruce en solo. Pour moi c'est vraiment le morceau parfait, celui qui m'a plu dès la première écoute. Après une jolie intro au synthé visant à créer une ambiance, le morceau se dévoile. Chaque variation apparaît là où elle doit apparaître, le refrain est vraiment super et le final où Bruce parle avec sa voix de cancéreux achève merveilleusement bien ce premier morceau sans fausse note.
S'en suit le tube de cet album Speed of Light. C'est le morceau le plus apprécié de tout le monde est pour cause, non seulement il a été dévoilé plusieurs semaines avant la sortie du disque, accompagné d'un magnifique clip bourré de références à la carrière du groupe, mais en plus il est celui qui se rapproche le plus de ce que Maiden avait l'habitude de faire dans les années 80. C'est probablement pour son aspect très typé 80's que je n'aime pas trop cette chanson. Je lui reconnais néanmoins un refrain assez efficace qui fonctionne très bien en live.
Passons la boffissime troisième piste pour nous attarder sur The Black and The Red. Cette chanson est calibrée pour le live et je pense qu'elle commencera à être appréciée quand elle sera joué pour la première fois en concert. D'une durée de 13min et en grande partie instrumentale, la chanson enchaîne moment épique sur moment épique le tout dans une hiérarchie parfaite. Si par moment il m'a semblait que certains passages s'éternisaient un peu, au fur et à mesure de mes écoutes j'ai finis par ne plus trouver le temps long devant cette chanson. Mais clairement je pense qu'elle ne méritait pas une durée aussi longue. En concert, avec un public déchaîné, la durée ne devrait pas poser problème, mais pour la version studio je pense qu'ils auraient pu légèrement la raccourcir. J'ai aucun mal avec les morceaux longs si je sens que c'est justifié, si le tout s'emboîte tellement bien qu'il serait impossible de concevoir quelque chose de plus court, comme Helloween avec la trilogie des Keepers. Ce qui n'est à mon sens pas le cas pour The Red and Black, mais ça ne l'empêche pas d'être mon titre favori de l'album.
Bref, une fois l'oubliable When the River Runs Deep terminée, le CD1 se clôture avec la chanson éponyme Book of Souls. J'ai beaucoup de mal avec elle. Malgré un riff accrocheur, le reste me laisse de marbre. C'est pourtant pas la plus longue de l'album mais j'y peux rien, chaque fois que je l'écoute au bout d'un moment je décroche inévitablement, je m'y perd pour mieux être repêché plus tard et m'égarer de nouveau par la suite. Je ne sais pas trop à quoi c'est due, sûrement parce que ce morceau n'a pas la palette d'accords et de variations que possède The Red and the Black et que j'ai l'impression qu'au bout d'un certain temps on en a vite fait le tour, en tout cas la mayonnaise ne prend pas et c'est dommage, car on sent que c'est censé être l'une des pièces maîtresse de l'oeuvre vu qu'elle donne son nom à l'album.
Après l'avalanche de chansons riches et longues que nous a servit le premier disque, le deuxième CD sera quand à lui un peu moins chargé que le précédent. Composé essentiellement de musiques plus courtes, il prépare l'auditeur au grand final que doit constituer le dernier titre. On retiendra la sympathique The Man of Sorrows et l'excellente Tears of Clowns, racontant l'histoire d'un clown triste et dédiée à l'acteur Robin Williams, décédé peu de temps avant l'enregistrement. Doté d'un riff efficace, d'une ligne de chant parfaite et d'un refrain très accrocheur, cette chanson m'a tapé dans l’œil dès ma première écoute et m'est rapidement rentré dans la tête pour ne plus en ressortir. C'est vraiment un très bonne chanson simple mais efficace, avec de jolies paroles que l'on écoute avec émotion lorsque l'on repense au tragique destin de l'acteur américain.
L'album se clôt enfin sur la pièce maîtresse de Book of Souls. Il s'agit du grandiloquent Empire of The Clouds et ses 18 minutes de bonheur. Je vous l'avoue j'ai mis du temps à apprécier cette chanson dans sa totalité, faut dire qu'une chanson aussi longue c'est toujours un peu compliqué à cerner lors des premières écoutes, et puis finalement j'ai finis par en apprécier chaque variation, chaque accord et chaque ligne instrumentale. Quand j'entend dire par certains que Maiden fait toujours la même chose, je me dis qu'ils ont dû passer à côté de ce morceau. Parce que pour le coup il aurait vraiment pu avoir sa place sur Dance of Death tant il est extrêmement différent de ce qu'à l'habitude de composer le groupe. Débutant par une splendide intro au piano accompagnée de violons créant une ambiance très particulière et jamais vu dans la disco de Maiden, le titre ne cesse de gagner progressivement en intensité, les guitares prenant peu à peu le pas sur le reste jusqu'au climix, avant de retomber tout doucement sur les mêmes notes de piano qu'au commencement. Empire of Clouds est la chanson la mieux noté sur SC et à juste titre. C'est un tour de force monumental, dépourvu de refrain, capable de créer une ambiance et de la faire évoluer, d'une durée extrêmement longue sans qu'aucun moment ne soit inutile et si loin des codes et gimicks habituels de Maiden. Après c'est selon les goûts de chacun, moi même c'est loin d'être ma préférée mais je lui recconaît objectivement d'immenses qualités.
Vous l'aurez compris, j'apprécie cet album non pas comme un tout uni et cohérent, mais bien comme un immense coffre renfermant quelques pièces de grande valeur et à ce titre il est pour moi un très bon album.
Alors pourquoi autant de désapprobations de la part des fans ? Certains détracteurs considèrent qu'Iron Maiden sont sur la même pente glissante qu'AC/DC, sous-entendant que leurs plus belles années créatives sont désormais derrière eux et qu'ils sont condamnés à ne sortir que des albums en pilotage automatique où ils répéteront à chaque fois la même formule usée afin de se donner une excuse pour renflouer les caisses grâce à une énième tournée. Pour autant, si il y'a bien un titre à mettre tout le monde d'accord sur ce disque c'est bien Speed of Light, alors que c'est justement la chanson la plus typée années 80, sans grande originalité dans sa compo et où Maiden se contente de ré-appliquer sa veille formule habituelle. Comment expliquer alors que se soit cette chanson là qui mette tout le monde d'accord ? Probablement parce qu'au fond les gens ne veulent pas que le groupe se renouvelle, au contraire, ils veulent qu'il régresse. Qu'il revienne aux sources en refaisant des morceaux simples et efficaces comme ils en avait l'habitude auparavant. Ils ne comprennent pas que si le groupe s'est tourné vers des compositions plus progressives c'était peut-être parce qu'il pensait justement avoir fait le tour de cette période et qu'il ne souhaite pas tourner en rond au risque d'épuiser sa formule à l'instar d'AC/DC. Si les membres restent fidèles à leur style bien défini et dans la même continuité que leur virage prog des années 2000, il est inexacte de dire qu'ils refont encore et toujours la même chose sous pilotage automatique. Il y'a un véritable travail de composition qui s'en ressent sur une grande partie de cet album, on sent que les mecs n'en n'ont pas rien à foutre de leur produit et qu'ils se sont évertuer à faire quelque chose de bon et de créatif. Les haters peuvent dire ce qu'ils veulent mais c'est pas dans le dernier AC/DC qu'on retrouvera une tuerie de 18 minutes avec intro et clôture au piano. Peut-être qu'au fond tout cela n'est qu'une simple question de goût. Soit on adhère à l'évolution musicale du groupe, soit on y adhère pas et à ce moment là tant pis. Seulement ne pas reconnaître les qualités objectives de cet album juste parce qu'on a décidé de détester le produit en question, c'est un chouia malhonnête comme méthode.
Sur ce, je sais que ma critique est un peu trop longue alors j'espère que les haters de Book of Souls seront plus patients avec moi qu'ils ne l'ont été avec Iron Maiden.