Peut-on encore être surpris par un album d'Iron Maiden en 2015 ? Avec 15 albums au compteur, les dernières sorties de la Vierge de Fer souffraient toutes des mêmes maux : Des morceaux toujours plus longs, des refrains-titres scandés ad vitam aeternam et une propension à l'auto-citation qui aura tôt fait de fatiguer l'auditeur. Mais plus que les tics de composition de la bande Harris, le fan service joue probablement énormément sur la stagnation musicale du groupe. Toujours plus de "wohoh", de power chords et de longueurs faussement progressives pour enflammer les stades. Quand la sortie d'un double album incluant un titre de dix-huit minutes fût annoncée, les pauvres fans de Piece of Mind ont tous tremblé craignant l'overdose.
Seulement voilà, The Book of Souls est loin d'être mauvais. Pire, il reprend les travers de The Final Frontier pour en faire ses atouts. Le spectre de la tournée Somewhere Back in time semble avoir inspiré le groupe comme en témoignent des titres comme If Eternity Shall Fail, Speed of Light ou When The Rivers Runs Deep qui lorgnent vers l'âge d'or des anglais. La sensation de redite est toujours présente mais l'énergie délivrée y pallie grandement, particulièrement pour The Red And The Black. Sans surprise, l'interprétation est de qualité et les ponts instrumentaux agrémentés de soli de guitares sont toujours au top. Bruce Dickinson délivre une performance assez bluffante dosant savamment ses excès de grandiloquence et sa classe habituelle. Il est également l'auteur de Empire Of The Clouds et ses dix-huit minutes tant redoutées. Probablement la plus belle surprise de l'album, le titre est riche, varié et fait preuve d'une sensibilité qu'on n'aurait pas forcément attendu du groupe.
Bien sur, l'album n'est pas sans défauts. Maiden fait du Maiden et reprend des sonorités entendues mille fois auparavant comme sur l'intro de Shadows Of The Valleys ou The Book Of Souls. Et comme n'importe quel double album qui se respecte, The Book Of Souls a tendance à perdre en intensité à mi-parcours. Il faut attendre Empire Of The Clouds pour redonner ses galons d'or à l'album et bien admettre que, une fois de plus, les papy de la New Wave of British Heavy Metal maitrisent parfaitement leur formule et qu'ils sont encore capable, dans une moindre mesure, de nous surprendre. Avec une discographie telle que la leur, il n'est plus question de savoir si le prochain Maiden sonnera comme du Maiden, mais de savourer les nuances et les variations d'une formule, certes prévisible, mais qui fait toujours autant mouche.