Début des années 70, Pink Floyd venaient de faire un concert surprenant, supprimant tous ce que l'on peut attribuer à un concert traditionnel. Pourquoi? Montrer à quel point ils pouvaient être bizarre pour se démarquer? Non, je pense que le but de ce concert était d'élaborer une réflexion sur ce que le monde venait de vivre. Une guerre médiatisée, une révolution sur la liberté de penser d'une jeunesse sentie opprimée jusqu'alors, un monde qui venait brutalement de changer et qui ne savait pas où il allait.
Pink Floyd nous livre un voyage sonore, haut en couleur, avec une destination précise: l'évasion, la distance de toute cette folie dûe au quotidien à laquelle tous étaient exposés, riches et pauvres, saints d'esprits et fous. Une folie qui nous guette encore aujourd'hui.
Quel meilleur endroit que la face de la lune que l'on ne voit jamais, sa face cachée? Où tout paraît si calme, endroit qui nous appartient à tous dans lequel on se recueille lors de nos moments les plus faibles. Qui n'a jamais rêvé de partir quelque temps et de se recueillir pour ensuite faire face pleinement?
C'est un de ses voyages disais-je, limpide, que Pink Floyd nous livre dans cet album, réfléchissant sur toutes les peurs et les folies que nous offre la société: la fuite du temps, l'argent, la violence, les relations humaines et l'amour. C'est une décomposition de tout ce qui peut rendre fou, pour mieux vivre et mieux comprendre, comme peut l'indiquer la pochette. Les voix qui vont, qui viennent, qui se baladent nous rappelle que le passé peut nous rattraper, mais l'album avance tout de même, nous obligeant à continuer, de vivre malgré tout.
Même si il nous aide à comprendre, The Dark Side of the Moon garde tout de même un certain mystère, quelque chose de sombre qui nous dépasse, et c'est ce qui fait toute l’authenticité de la chose, agrémentée d'une musique brillamment associée et d'une pureté déconcertante, élaborée par des musiciens hors paire.
Les Pink Floyd produiront d'autres réflexions sur les folies de la société de ce genre, sur les fantôme du passé avec "Wish You Were Here", sur la hiérarchie sociale avec "Animals" et sur l'isolement que cette folie peut nous procurer avec "The Wall". Mais aucune n'est aussi claire et apaisante que cette épopée planante.
Il ne faut jamais oublier qu'aussi puissant qu'il soit, la lune éclipsera toujours le soleil.