The Dark Side of the Moon. Rien qu'en entendre le nom me transporte dans un état second. Pink Floyd a atteint pour la première fois le stade du chef d'oeuvre. Pink Floyd sublime la musique rock pour en faire le sommet de l'art musical. Magnifique, magistral, le Dark Side of the Moon est un album inégalable, sorte d'idéal artistique. Il y a la poésie de Baudelaire, les films de Kubrick, les fresques de Michel Ange et la musique de Pink Floyd. Dark Side en est la meilleure expression.

Meddle avait été un album inégal certes, mais présentant une oeuvre magistrale : Echoes. Le défi du groupe était de maintenir ce niveau sur tout un album. Et Pink Floyd l'a accompli.

L'introduction de Dark Side dure 30 secondes environ : le battement d'un coeur. Suivent les horloges de Time et la première phrase "cachée" : « I've been mad for fucking years, absolutely years. I've been over the edge for yonks. It's working with the band so long, I think...
I've always been mad, I know I've been mad, like the most of us are... very hard to explain why you're mad, even if you're not mad... »
Un rire, un cri de Claire Torry et Breathe commence. Le décor est installé progressivement comme pour nous faire entrer dans un état d'écoute.

Breathe in the air, sorte de reflet de ce qu'est tout l'album. Lisse, parfait mais incroyablement beau. Entre guitare, batterie, basse et piano, tout y est lent, doux et planant. Les premières paroles retentissent. La voix presque désabusée de David Gilmour, en accord parfait avec la musique nous livre sa vision de la vie, nous livre avec mélancolie de confuses paroles qui seront à jamais gravées dans ma mémoire :

Breathe, breathe in the air.
Don't be afraid to care.
Leave but don't leave me.
Look around and choose your own ground.

Long you live and high you fly
And smiles you'll give and tears you'll cry
And all you touch and all you see
Is all your life will ever be.

On the Run suit directement Breathe. Hypnotique, psychédélique, comme un souvenir de l'ancien Pink Floyd, il dépeint brillamment l'angoisse. À chacun de trouver laquelle.
L'introduction de Time n'est surement pas agréable à entendre. Ce n'est pas de la musique, une sorte de mélanges d'horloges dont les sons se superposent sans harmonie. Mais le morceau est parfaitement introduit, avec le mélange entre percussions, la pendule et le doux piano de Wright. Une rupture s'opère avec le début des paroles, avec une voix bien plus agressive que sur Breathe. Mais le tout est adouci par les coeurs. Et la chanson s'envole avec un solo guitare absolument magnifique. Gilmour pose ses notes pour faire pleurer sa guitare...et son auditeur, le tout rythmé parfaitement par les notes de Waters et les percussions de Mason.

Time se termine en apothéose, on a pas le temps de souffler et les premières notes de piano de The Great Gig in the Sky retentissent. Inutile d'exprimer cette chanson en mots. Claire Torry n'a pu le faire qu'en chantant (criant ?) des sons sans signification. Alors, suivant ce qu'a réussi à faire Edvard Munch en peinture, Pink Floyd et Claire Torry ont incarné en musique la souffrance humaine.

Money est la plus connue de toutes mais sans doute aussi la plus critiquée de par son manque de cohésion avec le reste de l'album. Mais je ne crois pas qu'il faille la voir comme une suite de The Great Gig dont le silence est l'unique suite possible. Car Money est d'abord le début de la face B de Dark Side. Alors un riff aussi dur est justifiable. Et il faut avouer que le riff en question est purement génial. On s'envole avec le saxophone de Dick Parry, on est émerveillé par le solo de Gilmour, les paroles terribles, bien que faciles sonnent comme une dure réalité, un présage du Wall ?

Bien avant Dark Side, à propos d'Us and Them, le réalisateur de Zabrskie Point avait affirmé « C'est magnifique, mais trop triste. Cela me rappelle trop l'église ». C'est magnifique, c'est triste, cela rappelle l'Eglise. Il faut juste enlever le trop.
Any Colour you Like à associer à On the Run. Sans éclat mais tellement planant.
Brain Damage premier hommage à Syd Barret avant le magistral Shine on . Encore, c'est magnifique et infiniment triste. I'll see you on the dark side of the moon...
Eclipse apparaît enfin, comme un fin logique à Dark Side : "Everything under the sun is in tune But the sun is eclipsed by the moon."
Et cette phrase "There is no dark side of the moon really.
Matter of fact it's all dark." qui donne envie de recommencer pour vérifier que si la lune n'a pas de côté sombre, Pink Floyd l'a créé.

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le 11 juin 2012

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Thomas_Dekker

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