Après une première partie solide et très intéressante malgré quelques morceaux brouillons, qu’en est-il de cette deuxième moitié ? Une simple continuité ou un changement de style et d’ambiance ?
En réalité, un peu des deux. L’univers musical reste cohérent. Heureusement pour un double album me direz-vous ! Cela est notamment dû au fait que les producteurs crédités sont les mêmes, à quelques exceptions près. On retrouve ainsi ce cher Bongo, mais aussi will.i.am, Cool & Dre… Et on dit bonjour à quelques nouveaux, comme The Alchemist, DJ Mustard ou encore Travis Barker.
L’intro' skit nous replonge dans un contexte assez identifié, faisant également écho au premier opus "The Documentary". En effet, The Game revient sur son beef avec 50 Cent, à l’époque où ce dernier avait viré son compère de L.A du G-Unit. On comprend naturellement l’absence de Curtis sur la tracklist de cet album anniversaire.
S’en suit l’un de mes tracks préférés des deux albums réunis : "Magnus Carlsen". Morceau en référence au célèbre joueur d’échec norvégien sur une musique planante signée Bongo the Drum Gahd. Le producteur signe là sa meilleure instru’ de l’album. Anderson .Paak, découvert quelques mois plus tôt sur "Compton A Soundtrack" y apporte une couleur mélodique en parfaite adéquation.
L’enchainement avec le plus énergique "Crenshaw / 80s and Cocaine" apporte un bon complément, toujours avec Anderson .Paak au refrain.
Déception en revanche pour "Gang Bang Anyway" en feat avec les deux autres MC du Black Hippy. Pas convaincu par la prod’ malgré les couplets intéressants de Jay Rock et Schooboy Q.
Mais on se rattrape vite avec, selon moi, le deuxième morceau phare de ce double album : "The Guetto". Putain ce que ça fait du bien de réentendre will.i.am bosser sur ce type de production, preuve qu’il n’a pas perdu la main et qu’il a quand même un talent fou ! Très joli sample de "Sparkling in the Sand" de Tower of Power, plié par les flows impeccables de Nas et Game.
Malheureusement, le reste de la tracklist ne va pas poursuivre sur ce niveau de qualité, ou alors très partiellement… Le feat avec Lil Wayne est des plus anecdotiques. Le délire mi-funk mi-Trap en milieu de skeud n’apporte rien, surtout avec cet enchainement de featurings sans grand intérêt artistique.
Reste des morceaux plus intéressants et plus dans la veine West-Coast, comme "Last Time You Seen" en feat avec Scarface, ou encore le très dark "Moment of Violence" où le très talentueux Jon Connor (aussi découvert sur "Compton A Soundtrack") découpe l’instru’ comme un cruel charcutier !
Deux derniers tracks à retenir, refermant ce double album sur une bonne note : "Like Father, Like Son 2" en feat avec Busta Rhymes, direct hommage au premier volet crédité sur l’album "The Documentary". Ainsi, Busta fait raisonner à nouveau son refrain entêtant sur l’instru’ ciselée de The Alchemist.
La dernière bonne surprise provient du Bonus Track, où ce cher Skrillex nous lâche une grosse production bien lourde sur des sonorités mexicaines. "El Chapo" est un vrai délire, The Game lâchant même un Pont en espagnol !
L’écoute de ce "2.5" s’achève et la satisfaction est bien là. The Game fait un retour en force, faisant presque oublier les fausses notes d’antan. A vrai dire, cela faisait longtemps que le MC nous parlait de refaire un "classique", mais à chaque nouvelle sortie, on avait comme l’impression d’un foutage de gueule alimenté par cette culture du buzz.
S’il est difficile de parler de ce "Documentary 2" comme un "classique", on peut toutefois noter l’effort fourni. 37 tracks, de nombreux invités prestigieux regroupant la quasi-totalité du game actuel tout en y intégrant quelques pionniers, sans compter sur des collaborations qui font toujours recette côté production.
Et si l’on doit fournir une comparaison, je trouve de premier abord "The Documentary 2" plus lourd dans son ensemble que le "2.5". Mais ce dernier contient en revanche des tracks qui m’ont plus interpellé. Dommage qu’il y ait ce gros passage à vide en cœur de tracklist.
Dans tous les cas, ça fait du bien de se refaire une dose de sons West Coast en cette fin d’année 2015, une session entamée avec succès en août dernier avec l’excellent "Compton The Soundtrack".
Ma critique de "The Documentary 2" ici !