Une main de velours dans un gant de fer

Industriel, vous avez dit industriel ?


L'un des maîtres du genre est bien Trent Reznor, auteur, compositeur et interprète du groupe. Il avait même tout fait tout seul sur son premier album "Pretty Hate Machine", déjà hors norme et montrant une profondeur musicale innée.


Lorsqu'on sait qu'en 1994, ce genre de musique est assez underground, tout droit dans la lignée de la cold-wave, du post punk et de l'euro-dance, il est impressionnant de se rendre compte combien cet opus est pertinent, mature et agressif pour l'époque.


Alors n'y allons pas par 4 chemin : cet album est un joyau, noir. Ce diamant est rayé, à l'intérieur. Cette perle est parfaitement imparfaite, revendiquée comme telle.
Aucun morceau n'est à mettre à l'écart. Certains sont même cultes depuis (Hurt, Reptile, Heresy,...).


Ce pilier, car il aura influencé bien des groupes de nombreux styles musicaux après, est l'un des meilleurs albums de NIN, soit Trent Reznor. Le line-up n'y est pas innocent, et je vous laisse vous informer sur cet élément, comme sur l'histoire du groupe. Ce n'est pas le sujet de cette critique.


L'agressivité est au premier plan sur cet album. Le gros son aussi. Des rythmes dansant ou chahutant, des montées surpuissantes, des nappes à n'en plus finir. Des cris étouffés, braillés, chantés. Les lignes de basse groovent ou rockent. La batterie rocke aussi, voire se metallise sur certains titres. Appuyer là où ça fait mal est ici une règle de la composition musicale, comme bien souvent chez Reznor.


Ah, et puis voilà. Mettre des mélodies dans la tête de l'auditeur, c'est une marque de fabrique chez NIN. C'est incroyable comme on peut garder certains passages en tête, même s'ils sont agressifs dans cette galette. Et ça, c'est une signature que peu de groupes ont dans le style. Cette galette en est bourrée, comme saturée.


Alors oui, on peut voir là une descente aux enfers, en référence au titre de l'album. Puissamment maîtrisée, anoblie de crasse où il faut, enrichie de quasi-silences dans certains trous sonores. La recette et l'alchimie en ont fait un grand album. Il correspond très bien à l'époque de sa mise au monde.


La dentelle, elle est dans la composition. Sous cette épaisse masse sonore, vous trouverez un song-writing très efficace, des riffs acerbes mais intelligents, et des mélodies soyeuses.


Pour finir, je ne peux que constater une chose, un fait : cet album n'a pas vieilli dans le style. Même s'il porte la marque d'une époque, il reste brillant, là, dans la brume industrielle où l'immensité est remplie de douleur exprimée, modelée et finalement sublimée.

Budokick

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