La folk, toujours la folk. Et ce flot permanent de chanteurs qui prennent leur guitare acoustique pour se confronter à l’écriture de chanson. La persistance d’une belle tradition où l’on se réjouit que l’expression musicale et littéraire soit aussi spontanée et aussi touchante que ça. C’est presque la base d’un genre simplissime, une affaire de conteur où parfois, presque miraculeusement, le songwriter arrive à nous élever avec si peu : une voix belle comme Jeff Buckley (The underwood typewriter, The cowhed) ou une atmosphère légère qui se transforme en ascension céleste (Hunter map, chef d’œuvre de l’album). Fionn Regan a pour lui de ne jamais s’apitoyer sur sa propre personne, de ne pas se morfondre dans des sentiments délétères.
Il met un peu de couleur et d’entrain dans son intimité (Black water child). D’aucuns diront qu’il a le charme boisé de la campagne. Fionn Regan a le charisme de Red House Painters sans en avoir le pessimisme. Ce qui ne l’empêche pas d’être bouleversant sur Snowy Atlas mountain, titre pour la peine désespérée mais où Fionn retrouve sur la fin une certaine vigueur. Il s’est laissé un peu allé mais lutte contre ses noires pensées. Fionn Regan ressemble à un Mark Kozelek mais en plus solaire. L’Irlande a un nouveau songwriter et cet album marque non pas la fin mais le début d’une grande histoire, la sienne.