Il y a des disques qui, dès la première écoute, diffusent un sentiment irrépressible de force et de beauté réunies, des disques qui vous rappellent pourquoi la musique est importante, et qui font que vous vous souviendrez toujours des circonstances dans lesquelles vous les avez entendus pour la première fois. "The English Riviera" m'a fait cet effet-là, cette impression de pénétrer par surprise dans un univers nouveau, différent, surprenant certes, mais dont on aurait pourtant déjà les clés. Le sentiment d'avoir rencontré une nouvelle musique qui nous sera chère, essentielle peut-être même…
Et cette fois, on parle d'une musique suave, à la beauté fragile mais pourtant indubitable, à la construction complexe, comme voilée d'une sorte de retenue, de timidité touchantes, mais toujours lumineuse : elle a d'ores et déjà une capacité exceptionnelle de créer des univers nouveaux (comme cette "riviera" anglaise virtuelle, qui quelque part existait déjà dans nos cœurs avant que Metronomy ne lui donne formes et couleurs) et de porter nos rêves.
C'est du prog-rock low fi, de l'ambient-pop, mais aucune étiquette, aussi maligne soit-elle, ne colle vraiment à un disque aussi déroutant que précis.
[Critique écrite en 2011]