The Final Cut
6.1
The Final Cut

Album de Pink Floyd (1983)

L’album d’un groupe qui n’en est plus un…

L’enregistrement et la tournée de The Wall en 1980/81 qui a suivi ont fait exploser ce qui restait de liens déjà fragiles entre les membres du groupe : Rick Wright n’a fait la tournée que comme musicien additionnel et a été viré par Waters, le jugeant « trop peu impliqué » dans le collectif. L’idée est de concevoir une nouvelle musique pour le film The Wall sorti en 1982. Le projet de cette musique est abandonné et c’est le double album triomphal qui est utilisé comme BO. Quand il s’agit de s’attaquer à un nouvel album studio, l’idée de Waters est de créer une œuvre autour de son père, Eric, mort en combattant en Italie en 1944. Roger n’a donc jamais connu son père puisqu’il n’avait que quelques mois quand il a disparu (son corps n’a jamais été retrouvé). Ce thème de l’absence du père revient souvent dans les œuvres de Waters, c’était déjà un des thèmes de The Wall. On retrouve aussi dans cet album la guerre, la 2e guerre mondiale bien sûr mais aussi la guerre des Malouines de l’époque et c’est l’occasion pour Waters de s’en prendre à la politique de Margaret Thatcher alors à la tête du gouvernement britannique (l’album est sous-titré : « A Requiem for a Post-War Dream »). Les autres thèmes sont l’aliénation, le pouvoir, les conséquences des conflits comme le difficile retour à la vie civile des vétérans (One of the Few et The Hero's Return) ou les armes nucléaires (Two suns in the sunset). Gilmour n’apprécie pas ce qui lui semble un projet bien trop personnel et politique de Waters seul. Il finit par être mis complétement sur la touche, ses idées sont systématiquement rejetées par Waters, à tel point que les 2 finissent par ne plus se croiser durant l’enregistrement. Chacun enregistre ses parties isolément, soit dans des studios différents, soit dans le même studio mais à des moments différents (un la journée, l’autre le soir…). Du coup, Gilmour est largement absent de ces sessions, sauf sur quelques très beaux solos comme sur The Flercher memorial home (toujours dédié à Eric Waters). Le guitariste s’est peu investi et on comprend pourquoi. Mais quand il apparaît, ce sont de magnifiques interventions, puissantes et sensibles (Southampton Rock, Not now John). Quant à Nick Mason, il est aussi remplacé fréquemment par un 2e voire un 3e batteur. Les musiciens qui jouent donc sur cet album sont d’excellents musiciens de session dont Ray Cooper et Michael Kamen qui assure les claviers et la direction de l’orchestre symphonique et qui avait déjà travaillé sur The Wall. Alors bien sûr, même si à l’époque, les critiques avaient été très majoritairement négatives, le temps a montré un peu les qualités de cet album (Not now John, single efficace, le seul de l’album). Pour moi, sa plus grande faute est d’être estampillé « Pink Floyd » car on est alors obligé avec un nom pareil de le comparer aux chefs d’œuvre des années 70 et là, il faut reconnaître qu’on en est à des années-lumière. Il aurait été bien plus juste de le marquer comme un 1er album solo de Roger Waters mais moins vendeur évidemment. Ce Final Cut s’est hissé au 1er rang des classements lors de sa sortie, ce qui a fait jubiler Waters, persuadé d’avoir réussi à être Pink Floyd à lui seul et que ses choix étaient les bons. Cette performance n’avait pas été réalisée par The dark side of the moon ni par The Wall. Mais il ne faut pas se tromper, c’est la plus mauvaise vente de Pink Floyd depuis Meddle en 1971 ! Gilmour rétorquera que ce semi-échec s’explique par la qualité médiocre des chansons et Waters lui répondra que la qualité d’une œuvre artistique ne peut pas se mesurer en nombre d’exemplaires vendus…Tous est dit entre eux, la séparation est inéluctable et une bataille juridique de plusieurs années peut commencer pour l’utilisation du nom « Pink Floyd ». En l’emportant, Gilmour a démontré que le groupe ne pouvait pas se résumer à une seule personne, si créative soit-elle. Pink Floyd a pu se reformer en 1987 autour de Gilmour, Mason et Wright (toujours employé du groupe à ce moment-là) avec un succès énorme et une tournée mondiale à la clé. Un album pas inintéressant mais pas renversant non plus sous cette forme.

JOE-ROBERTS
4
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2024

Critique lue 4 fois

JOE-ROBERTS

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur The Final Cut

The Final Cut
Thomas_Dekker
8

Jesus Jesus what's it all about ?

Pour son dernier album avec Pink Floyd, Roger Waters a construit une nouvelle oeuvre controversée. Cet album est sans doute le plus critiqué de Pink Floyd. Pour certains, il s'agit d'un album solo de...

le 16 juin 2012

13 j'aime

The Final Cut
Billy98
4

L' abus de trop

Ce fut une grossière erreur de sortir ce disque sous le nom de Pink Floyd. Ce groupe n'avait qu'une seule réelle tache, "Ummagumma", on aurait pu éviter cette deuxième trace. Parce que Waters fait...

le 29 déc. 2016

10 j'aime

The Final Cut
Blank_Frank
9

Dans mon rétroviseur, les soleils se couchent...

"Maggie, what have we done ?" Pink Floyd et moi, ça a toujours été plus ou moins ambivalent. Pink Floyd, c'était le groupe que la plupart de mes potes écoutaient au lycée, pendant que je me...

le 18 mars 2021

6 j'aime

1

Du même critique

Rêveur, Rêveur
JOE-ROBERTS
7

Toujours une qualité extrême

Retrouver Louis en album ou en concert a un côté rassurant car on sait avec certitude qu’on va passer un bon moment. Les décennies passent et on le suit à chaque fois dans ses aventures, ici dans son...

le 2 déc. 2024

3 j'aime

Un soupçon
JOE-ROBERTS
6

Une excellente Odile Vuillemin

Cette série ne révolutionne pas les séries policières françaises mais elle est prenante et nous l'avons regardée en 2 soirées: le mari d'une femme, Isabelle, meurt carbonisé dans sa voiture après s'y...

le 11 oct. 2024

3 j'aime