Il était une fois, dans un pays lointain, un jardin anglais…
Trees est un groupe britannique éclair du début des années septante. Folkeux sous acide et inspirés, ses membres accouchent d’un premier album aux couleurs légendaires : The Garden of Jane Delawney. Débuts prometteurs qui malheureusement aspireront tout leur talent naissant, les reléguant au pied du monument des Forgotten pieces après un second album, On the Shore, essoufflé.
The Garden... est un bel exemple de ces perles perdues dans l’océan des drogues des seventies. Une perle heureusement toujours reluisante qui a gardé son aura de muse intemporelle. L’opus se compose à moitié de chansons folkloriques traditionnelles adaptées, et pourtant le reste ne serait pas renié par la british folk tant les morceaux glissent sur les vagues de la transmission orale. Évidemment, en ce temps là, les éléphants roses étaient de la partie, ce qui engendra un univers folk psychédélique aux envolées progressives dont mes oreilles raffolent. D’entrée de jeu, avec "Nothing Special", le trip commence et la voix doucereuse de Celia Humphris, guide nos esgourdes vers des contrées aux vertes prairies. Là, on nous raconte l’histoire de "The Great Silkie", berceuse traditionnelle qui rencontre l’éclat multicolore du psych rock. Vient enfin la chanson éponyme: "The Garden of Jane Delawney", ballade qu’on croirait venue des temps anciens et qui nous fait visiter le jardin hanté de Jane, merveilleusement triste et poétique. Les traditionnelles "Lady Margaret", du temps des amours contrariées, et "Glasgerion", de celui des amours meurtrières, unissent leurs atmosphères éternelles aux élucubrations psychédéliques du groupe. Les fantômes du passé seront à l’apogée de leur complainte pour "She Moved Thro' the Fair", chanson traditionnelle irlandaise aux versions multiples. Malheur de l’amour disparu, marié aux notes trippantes d’un superbe morceau incontournable, aux allures d’évasion vaporeuse. Le voyage continue sur les traces de "Road" qui secoue un peu les corps las, puis laisse place à "Epitaph" et ses élans lyriques. C’est lentement que l’album s’achève sur "Snail’s Lament", lueur d’espoir pour tous, répétée à l’infini.
Dans ce jardin merveilleux, les arbres ont poussé et se sont épanouis dans la lumière comme dans les sombres heures de la vie, utilisant leurs racines pour s’agriffer à la terre ad vitam aeternam.