Mblmtilalilala grmblmôôôpapwaaaa...
Non, ce n'est pas parce que le disque tournait en boucle dans la maison les dimanches d'été dans la maison familiale. Il y a mille raisons d'aimer ce disque.
Il y a d'abord les prodigieuses compositions de Bach, ces variations Goldberg qui n'en finissent plus de détours, de sursauts, de douces montées comme d'abruptes descentes, il y a à la fois une fermeté implacable et un doux relan d'opium. On croirait écouter un long morceau racontant les origines du monde et toutes les possibilités qu'il nous offre.
Ensuite, bien sur, il y a Gould. Comment ne pas se passionner pour ce personnage incroyable, chantonnant sur ses enregistrements à en rendre malades les ingénieurs du son, perfectionniste ultime qui n'hésitait pas à retravailler en studio ses morceaux, en véritable mixeur qu'il était. Ce génie qui a gardé cette même chaise défoncée et trouée durant plus de 20 ans, l'obligeant à se pencher sur son clavier comme un croque-mort sur un cadavre, ce fou furieux quelque peu autiste, géniale oreille assistée par une technique irréprochable... Il y aurait mille heures à consacrer à ce flirt entre le musicien et son instrument.
Et quel instrument ! Reglé de façon implacable par son compagnon pour reproduire "mécaniquement" ces variations, doigté sans relâche par un Gould admiratif... C'est érotique.
Si rares sont les interprétations classiques que je laisse m'envahir, celle-ci ne sera jamais très loin de mon oreille, en toute situation. Sacrés Canadiens, tout de même.
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