Je vous trouve quand même bien hypocrite. Tout le monde se paluche à tour de poignet sur l'extraordinaire Iron, son clip officiel et celui avec Assassin's Creed, on encense Run Boy Run et on kiffe pas mal I Love You, mais quand l'album sort vous faites vos pucelles effarouchées. Comment l'album est pourri jusqu'à la moëlle de monuments orchestraux overzetop ? Comment les tambours ? Comment des choeurs qui dégoulinent ? Comment de la pop ? Comment du cinéma ? Comment l'aspect visuel est super important ? Le mec est un clipeur qui sort d'une agence de pub, j'imagine bien qu'après tout ce temps tu t'attendais pas à du Sonic Youth. Je te tutoie, je vous vouvoie, lecteurs/lectrices mais faut pas déconner.
Ça déborde de tous les côtés, on se demande d'ailleurs comment il a fait rentrer ces 14 morceaux dans un seul album. The Golden Age est prétentieux comme il faut, pompier, grandiloquent, presque vulgaire mais touchant. L'album évite de faire preuve de (fausse) modestie. Un sentiment salutaire dans un début d'année un brin dépressif où seul pouvait nous sauver un jeune lyonnais avec un orchestre. Lui et Justin Timberlake.
Le seul défaut que j'y vois c'est que justement, le petit se calme un peu par moments balançant des ballades mi-figue, mimolette sans trop de convictions mais toujours sur-produites. Si ça va bien aux morceaux de bravoure de la galette, l'effet est foutrement gâché sur ce cas particulier, les mélodies ne suivant pas les effets spéciaux. Mais pour le reste c'est un torrent de sons, un déferlement de violons larmoyants, des flûtes enchantées, des douzaines de références cinématographiques, de la tristesse en canette, du funk avec des cloches d'église et une voix plutôt agréable. Et Iron quand même, morceau toujours parfait deux ans après. Un peu comme Rob Dougan et Mark Ronson à leurs époques, Yoann Lemoine fait du guilty pleasure en puissance. Les cons vont adorer, la masse va s'en repaitre, les publicitaires vont exulter, les mecs qui font des montages pourris sur Youtube ont trouvé leur nouvelle malle aux trésors et moi, au milieu un peu honteux mais content, je profite tant qu'il est encore temps.