ur la pochette de son 9e album, American Music Club a des allures de survivant. Sur leur barque dérivant en pleine mer, ils semblent avoir rencontrer Moby Dick, une baleine blanche qui pourrait s’appeler George Bush. Le groupe de Mark Eitzel était revenu faire parler de lui en 2004, avec Love songs for patriots et l’envie d’en découdre avec le Président américain et de remettre en avant les vraies valeurs de l’Amérique. Peut-être car Bush est sur le départ, AMC revient plus apaisé et derrière cette photo en pochette ressemblant à un tableau du 19è siècle, on se dit que le groupe hisse toujours le drapeau du classicisme de la musique US à son sommet le plus classe. Ce qui est beau chez AMC, au-delà de la voix de crooner à pleurer de Eitzel, de ces dentelles de guitares et de ces belles rythmiques syncopées, ce sont les prolongations instrumentales que le groupe fait jouer à ces morceaux et qui étend la sensibilité et la mélodie vers des plaisirs plus diffus et plus vaporeux (Windows on the world, chanson sur le World Trade Center).
Car le classicisme musical du groupe n’est qu’une surface, derrière et avec beaucoup de finesse, le groupe travaille sa forme et peut obtenir même obtenir parfois le label « post ». On my way s’arrête juste avant de devenir bruitiste. AMC ne prône pas la révolution mais bel et bien une musique folk-pop-rock intelligente qui n’est qu’un socle pour affirmer sa propre personnalité. Le groupe est à ce point miraculeux que ce que l’on aurait pu trouver un peu niaiseux chez d’autres devient une chanson empreinte de dignité (Who you are). Avec All the lost souls welcome you to San Francisco, on croit définitivement que la soul n’est pas exclusivement l’apanage de la musique noire. Et même la chanson de taverne Know that’s not really finit par devenir touchante. Ce groupe a vraiment le talent de rendre d’affiner tout ce qu’il touche. Leur force politique se situe vraiment là, de continuer contre vents et marées dans un monde de facilité et de vulgarité. Après Mercury et San Francisco, fort d’un nouveau bassiste et d’un nouveau batteur, AMC est une nouvelle fois un groupe indispensable.