Dans la famille supergroupe, on n’avait pas vu ça depuis Audioslave. Simon Tong (guitariste de The Verve), Paul Simonon (bassiste chaloupé des Clash), Tony Allen (batteur endiablé de Fela Kuti) et… Damon Albarn. Louons l’esprit d’ouverture de l’ex Chanteur de Blur, qui après son expérience malienne et Gorillaz, prouve une nouvelle fois ses velléités de rencontre et de découverte. A moins que ce ne soit de l’intelligence, Albarn picorant à droite à gauche sans avoir la pression d’asseoir sur le long terme chacun de ses projets et arrivant chaque fois à attirer les lumières sur son travail. Sur le papier, on s’attendait à avoir un groupe qui casse la baraque, un quatuor qui dynamite tout sur son passage…et on tombe sur un groupe mature qui a mis son énergie au vestiaire et fait un album de soft-pop-dub. Comprendre que la patte de Tony Allen est quasi inexistante (excepté Three changes)
alors que le jeu reconnaissable entre mille de Simonon devient la pierre fondamentale du son et des compositions un peu paresseuses d’Albarn. Car c’est là, le problème ; le groupe tisse des textures, accumule les pistes, entremêle les instruments dans le but de nous enivrer sans doute (ce qu’il réussit d’ailleurs parfois notamment sur Herculean) ou de nous ramener dans le monde nostalgique de l’enfance, derrière le songwriting ne suit pas toujours. D’ailleurs à la longue, bâti sur le même principe d’arrangements et de production (remarquables s’il en est), distillant un même sentiment empreint de candeur et de douceur cajoline, cela devient un brin ennuyeux. Tout est passé par un filtre qui rend un peu flou chaque morceau et plus diffus l’impact possible du groupe. L’ivresse rend nos membres cotonneux, sensation aussi agréable que désarmante, mais nous donne aussi envie de somnoler. Le groupe se réveille carrément à la fin mais c'est un peu tard.