L'été de mon hiver
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le 28 janv. 2022
2 j'aime
J'aime beaucoup la voix d'Isaiah car elle sonne douce tout le temps, comme s'il était un peu "je m'en foutiste" mais il paraît jamais hautain. En fait, c'est la voix de Billie Eilish si elle était un rappeur américain.
Voilà "The House is Burning", 5 ans après le fameux "The Sun's Tirade", acclamé par la critique et le public. 5 ans pour en finir avec le toxicomanie paraît-il. Le rappeur de TDE a connu autant de difficultés que de succès, mais l'attente, apparemment interminable pour ses fans, s'est terminée cette fin de juillet. 16 nouveaux morceaux mettant en vedette des artistes comme Smino, 6lack, Lil Uzi Vert et SZA.
Connu pour ses bangers hip-hop rebondissants et décontractés, Isaiah Rashad reste fidèle à son style sur "The House Is Burning", mais cette fois-ci, il introduit une dose plus lourde de fanfaronnade sudiste dans le mix. Des morceaux comme "Lay Wit Ya" avec Duke Deuce et "RIP Young" mettent en évidence ses origines du Tennessee avec des mélanges aériens et lourds en percussions.
Qu'il s'agisse d'échanger des lignes avec Lil Uzi Vert sur l'éclectique "From The Garden" ou de crier “All my dogs got it filled up, it’s still jumpin!” sur l'énergique "9-3 Freestyle", Isaiah Rashad se montre constamment au sommet de sa forme. Avec la chimie indéniable entre lui et les invités qu'il présente sur l'album, on a presque l'impression que Zay n'est même jamais parti.
Il fournit ce à quoi nous nous attendions, à savoir des rythmes agréables, des vibrations, des vibrations, et encore des vibrations. Une musique de solitaire qui pourrait faire rougir Cudi.
Une sensation assez persistante demeure cependant est qu'on a toujours l'impression qu'il va chercher des chansons qui sont à la fois hype et chill. Il l'a déjà fait auparavant, mais là, ça semble être une directive stricte sur presque tous les titres, ce qui peut paraître redondant parfois.
Bon, perso, j'ai un petit souci sur les paroles. Bien souvent je ne comprends pas ce qu'il veut vraiment dire ou vers quoi son message se dirige. Il sonne souvent comme s'il rappait des mots qui n'avaient aucun sens ensemble, n'étant qu'un fouillis aléatoire de mots sauf sur 2 ou 3 couplets, tout le reste semblant simplement être un style libre du rappeur de se concentrer plus sur les flux que sur les paroles. Alors à bien y réfléchir c'est pas si gênant voir assez intéressant, car du coup, il essaie vraiment de créer une atmosphère. Sa voix s'associe à l'album comme si c'était une autre partie de l'ensemble des instruments. Certains moments sont jazzy, d'autres plus trap, mais la musique est la force motrice derrière tout cela.
Les featurings sont de bonnes qualité. Uzi, invité surprise, est fidèle à lui même. Amindi est une belle découverte pour moi, me faisant penser un peu à SZA. D'ailleurs, cette dernière et 6lack sont vraiment cools sur "Score", Smino et Jay Rock remplissent le contrat, sans plus et le passage de Duke Deuce est vraiment pas terrible du tout. Je ne connaissais pas non plus Iamdoechii, le titre qu'elle partage avec Zay, "What U Sed", une petite ballade nonchalante exquise.
Mais je m'aperçois écoute après écoute, que je prends nettement plus de plaisir quand il est seul aux commandes. C'est évidemment plus personnel et ça pousse plus facilement l'auditeur à l'introspection. Bien souvent, quand il n'y a pas d'invités, l'ambiance est plus hypnotique, c'est dans ces moments que l'on se sent proche du rappeur.
Ainsi, "RIP Young" qui est un peu le "Cheese and Dope" de Project Pat ralenti, est un petit bijou flottant et ensorcelant, "Hey Mista" produit par Kal Banx, qui est énormément présent sur l'album, tout comme Devin Malik, est ensorcelant, en 2 min seulement. "Don't Shoot" est du même acabit, idéal pour traîner, les mains dans les poches, la capuche relevée, dans n'importe quelle rue de centre ville.
Et que dire des 2 dernières chansons? "THIB" et "HB2U"! Zay est à ce moment là, à son meilleur, créant vraiment une atmosphère immersive, les rythmes dégoulinent comme du miel, les basses enveloppantes et les échos des quelques instruments "live" soulèvent l'auditeur.
Une fin parfaite qui donne envie d'en entendre encore un peu plus de ce Isaiah là, solo et décontracté.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Isaiah Rashad est devenu une figure majeure dans le monde du hip hop underground et conscient, et ce dernier projet le démontre parfaitement.
Certains artistes s'éloignent parfois d'un son personnel bien distinct pour plaire à plus de monde, mais pas Rashad car ses influences sont claires tout au long de l'album.
"The House is Burning" prouve, une fois de plus, qu'il fait partie des ces meilleurs représentants du hip-hop du Sud.
Et même si c'est pas le monument attendu, c'est une œuvre soigneusement conçue pour les haut-parleurs d'une vieille Cadillac circulant le soir dans les rues d'une petite ville du Tennessee.
C'est déjà pas mal...
7/10
Créée
le 3 août 2021
Critique lue 437 fois
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