Développant le style entrepris 3 ans plus tôt sur THE UNFORGETTABLE FIRE (dont je ne suis pas fan, vous l'aurez compris), U2 livre un disque organique , chaleureux , roots et rockn'roll. Fasciné par le rêve américain, U2 confirme qu'aux US le rêve peut vite virer au cauchemar. Ce disque semble tout droit sortie du désert américain à coté du JOSHUA TREE. La pochette (photo de Anton CORBIJN) est classe, je pose le disque sur la platine; On croit entendre MLK (mauvais présage), puis les guitares tourbillonnent, la basse accélère et la batterie s'envole. WHERE THE STREETS HAVE NO NAME est une envolée lyrique l'énergie est canalisée à bonne escient . Puis le temps est suspendu, cymbale et guitare, grillon et poussière et c'est reparti. Un diamant gospel? I STILL HAVEN'T FOUND WHAT I'M LOOKING FOR l'est et le restera pour l'éternité . Quelques note de piano, ligne de basse, note de guitare allongé....WITH OR WITHOUT YOU est né. Encore un hymne , premier single, où comment l'émerveillement fait place aux espoirs déchus et aux premiers déchirements. Le rêve américain prends du plomb dans l'aile avec toutes ces ombres qui surgissent. L'atmosphère deviendra beaucoup plus sombre encore, car le menaçant BULLET THE BLUE SKY surgit, virant au cauchemardesque. Cette pépite gothique enfonce le trait le plus sombre de SUNDAY BLOODY SUNDAY et nous emporte sur le radeau de la méduse des personnes migrantes et des personnes sans abris, ainsi que des ghettos où la violence et l'injustice règnent en maitre . THE EDGE nous livre alors un solo de guitare dont lui seul a le secret.Notre cœur et nos oreilles ne sont pas prêts de s'en remettre que RUNNING TO STAND STILL commence: notes de pianos et guitare sèche, la voix de BONO est maitrisé : la tessiture est de soul blanche et le texte est assumé, sur les méfaits de la drogue entreprise dans BAD et clarifié dans RUNNING TO STAND STILL. Le duo BULLET/ RUNNING est clairement le ciment de ce disque. La face A déjà terminé, on hésite à tourner le vinyl pour la face B car on veut la réécouter .On prend notre temps, la face B est enclenché s'ensuit: RED HILL MINING TOWN / IN GOD’S COUNTRY /TRIP THROUGH YOUR WIRES /ONE TREE HILL. L''intensité a baissée 4 musique de chambre plutôt agréable à l'écoute roots et burlesque avec mention spéciale à ONE TREE HILL . Et alors une ombre caverneuse jaillit EXIT. Une chanson destructurée, un rock gothique, annonçant 4 ans à l'avance les recherches et les expérimentations futures de ACHTUNG BABY. C'est clairement le diamant noir de la face B. La dernière chanson est MOTHER OF DISAPPEAR qui clôt admirablement ce disque dans une ambiance affreuse des barbelés qui dénonce le choc psychologique qu'endurent ces femmes victimes d'enlèvement de leur enfant en Argentine; une ballade sombre et amère qui nous ramène au quotidien d'une amérique dure et désenchantée. THE JOSHUA TREE est l'album de la maturité de U2. Les musiciens et le chanteur après 10 années de vie musicale ont beaucoup progressés, une beauté nouvelle transpire de ce disque, BONO est devenue un vrai chanteur sa voix est vraiment magnifique et ADAM maitrise sa basse à la perfection, se rapprochant de fait, de la guitare de THE EDGE et la batterie de LARRY MULLEN JUNIOR.