The Martian (OST)
6.8
The Martian (OST)

Bande-originale de Harry Gregson‐Williams (2015)

Adapté de l'excellent livre de Andy Wear (qui a été dans un premier temps auto-publié avant que l'incroyable bouche-à-oreille suscite l'intérêt d'une maison d'édition), The Martian met en scène Matt Damon dans le rôle d'un astronaute qui est abandonné sur Mars par ses coéquipiers qui le croient mort. Le film suit alors les efforts de Damon pour survivre au milieu hostile de la planète rouge avant de chercher des solutions pour rentrer sur Terre. Au moment où j'écris ces lignes, le film n'est pas encore sorti et je n'ai donc pas eu l'occasion de le voir. Cependant les critiques semblent excellentes au delà de l'Atlantique.


En 2005, Harry Gregson-Williams a composé un très beau score pour un précédent film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven. Dès lors, les décisions du réalisateur britannique en matière de sélection des compositeurs de ses films relèveront du non sens... En effet, les cinq films suivant auront pour compositeur Marc Streitenfeld et les deux suivant respectivement Daniel Pemberton et Alberto Iglesias. Il est intéressant de rappeler que Gregson-Williams a composer des musiques additionnelles pour deux de ces films au court de cette période (sa contribution sur Prometheus étant de loin ce qu'il y a de mieux dans la partition du film). Il était ainsi évident que Scott appréciait le travail de ce dernier, et par conséquent incompréhensible que Gregson-Williams ne soit jamais engagé en tant que compositeur principal de ces films.

C'est finalement ce qu'il s'est produit avec The Martian. Et Gregson-Williams n'a pas seulement composé la meilleure musique d'un film de Ridley Scott depuis Black Hawk Down, mais tout simplement la meilleure musique de sa carrière.


La partition réussit à capturer l'essence des sentiments du personnage de Damon. Elle sait être joyeuse et fun, souvent sérieuse, évoquant la solitude que ressent le personnage. Et une sérénité, un calme est sous-jacent tout le long du score.
A de rares occasions, la partition prend de l'envergure pour devenir énorme et dramatique. Et parce que ce n'est qu'occasionnel, ces moment deviennent intenses et parfaitement efficaces.


Avec le premier titre "Mars", l'album s'ouvre avec des sons qui évoquent la froideur et la désolation de la planète rouge. C'est une impression oppressante qui se contrebalance avec le reste du titre qui introduit magnifiquement le thème principal, joué à la guitare électrique. On a droit ensuite à une atmosphère créée par les cordes qui tend vers du Hans Zimmer dans son approche. Sur ce titre c'est lent et triste, une mélodie de désespoir en émerge.
"Emergency Launch" est le premier titre d'action, rythmé par une battement de cœur joué à la basse et en percussion, et l'utilisation intelligente des cordes. Le début de cette piste est phénoménal et construit une tension allant crescendo. Mais aux 2/3 du titre, lorsque l'on s'attend à une explosion dramatique (et instrumentale), le compositeur laisse les instruments à cordes entrer en scène, subtilement et lentement pour apporter une sérénité renforcée par l'utilisation de chœurs magnifiques. cela renforce le sentiment éthéré, calme et froid.


"Making Water" est la première fois où on entend le côté joyeux de la partition. Une très belle combinaison d'éléments électroniques, de harpe et de basse. On pense immédiatement au Wall-E par Thomas Newman. Tandis que le morceau se développe, on entend encore une fois (et en arrière plan) le thème de Mark, cette fois-ci déterminé et décidé.
"Science the Shit Out of It" avec son utilisation distincte de percussion et d'électronique renforce le sentiment de science, le battement des percussions est utilisé de la même manière que dans Interstellar.
"Messages from Hermes" insuffle une intéressante dualité: d'un côté le son chaud et calme des arrangements pour cordes du thème et de l'autre les sons froids électroniques. Quand le piano apparait dans le morceau, La solitude du personnage de Mark est à son paroxysme (des notes de piano qui semblent flotter dans l'espace) alors que l'orchestre reprend ses droits et prend de l'ampleur pour que la détermination prenne enfin le dessus.


"Sprouting Potatoes" est une courte mais magnifique musique. Elle possède une atmosphère sereine et reposée, avec une légèreté qui est vraiment impressionnante. L'utilisation du violoncelle est particulièrement judicieux.
"atney’s Alive!" n'est pas vraiment le titre que l'on s'attend à écouter en lisant son titre. C'est plutôt un titre composé dans des tessitures très basses, allié à de petits motifs qui viennent par dessus des sons atmosphériques avant que la musique devienne plus urgente en fin de titre. "Pathfinder" est un morceau très électronique, tendant vers Tron Legacy, et utilisant (très peu) des éléments de Dance Music. Le côté 'science' entendu plus tôt revient dans "Hexadecimals", un titre basé sur des rythmiques et beats électronique là encore, mais particulièrement réussi.


Le temps fort dramatique de la partition vient avec "Crossing Mars". Le thème, avec ses pauses maintenant familières entre les phrases musicales suscitant le vide sidéral, ouvre le morceau mais se transforme graduellement en un passage mélodique pour orchestre et chœur que n'aurait pas renié Jerry Goldsmith. Il s'agit d'une musique héroïque, gorgée d'émotion et tout simplement superbe.
On a droit à un très joli solo de violoncelle dans "Reap and Sow", une nouvelle impulsion dramatique avec un sentiment de résolution déterminée (bien qu'ayant une forte tension sous-jacente) avant de ressentir une réelle tristesse (notamment grâce à un solo vocal soprano d'un jeune garçon) dans "Crops are Dead", qui sonne d'ailleurs parfois comme les scores de John Powell sur la trilogie Bourne.


Les trois plus longs morceaux de l'album sont aussi les trois derniers. "See You in a Few" offre plusieurs variations du Main Theme ainsi que beaucoup d'émotion.
"Build a Bomb" où la musique prend de la vitesse, la tension monte encore un peu plus, jusqu'au point cathartique, qui arrive dans le dernier morceau "Fly Like Iron Man" (qui a été renommé juste après la sortie de l'album; il était originellement nommé "I Got Him!"). Bien que ce morceau prenne son temps, les deux dernières minutes sont vraiment jouissives avec une très belle montée en puissance, des volutes de violons, des chœurs, l'utilisation de cors... Tout y est.


The Martian est véritablement une partition intelligente, intelligemment conçue et avec une composition dramatique vraiment très efficace. Gregson-Williams utilise magnifiquement l'orchestre et ajoute des éléments électroniques de façon pertinente et subtile tout au long de l'album. La partition est calme dans l'ensemble, mais quand l'orchestre prend son envol dans les moments plus intenses, c'est avec un impact alors décuplé. C'est vraiment fascinant de voir à quel point les musiques de film sur le thème de l'Espace ont bien évoluées ces dernières années. On peut ranger cette partition de The Martian aux côtés de celles de Interstellar et Gravity qui sont des partitions tout aussi captivantes et intelligentes. Je pense que quiconque a aimé ces scores aimera celui-ci également.

evolution999
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le 14 oct. 2015

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