EZ3kiel. Trianon. 28 avril 2013.

Au commencement, une lumière apparue, laissant le mysticisme faire son entrée. Puis des hommes répondant au nombre de treize arrivèrent alors, tous habillés de noir, qui se confondaient dans ce décor en ne faisant qu'un avec la scène. Ils forment un tout : une vague d'individu qui bouge au son de leurs instruments. Mais à quoi assiste-t-on au juste ? Un concert, un spectacle visuel, ou tout simplement quelque chose de neuf dans un paysage musical parfois paresseux ? Bienvenue dans le monde d'Ez3kiel, un univers où les mots sont vains...

Ce groupe tourangeau porte un intérêt certain pour le septième art. Il nous offre un spectacle d'une richesse rare, jamais vu auparavant. Mais il est vrai que connaître leur discographie à l'avance permet d'apprécier toutes ces musiques à leur juste valeur, allongées et enrichies de nouveaux instruments. Entrer dans cette dimension fantasmagorique n'est pas chose aisée, mais si vous parvenez à ouvrir cette porte, vous êtes sûrs de découvrir une pièce que vous n'oublierez pas de si tôt. Un gigantesque écran rythme les multiples envolées lyriques du groupe, et nous propose une animation à couper le souffle, comme si la puissance onirique de cet orchestre réussissait à inventer de nouvelles perspectives. Ce soir, le son et l'image ne font pas qu'un, mais trois. À partir de ces deux notions, un nouveau monde vient de naître sous nos yeux.

En écoutant ces français, nos codes d'auditeurs sont bouleversés car ces musiciens mélangent différents genres musicaux (classique, dub, électro) de manière inédite. À l'heure où l'on doit mettre des étiquettes sur chaque groupe, chaque film, et chaque objet artistique, Ez3kiel est inclassable et fait un bras d'honneur à toutes ces conventions stupides. Il va même plus loin en créant des paradoxes à l'intérieur de leur spectacle. Des formes fixes (statues) s'entremêlent avec des masses mobiles (animaux), des matières se confondent sans cesse (liquide, solide) sans pouvoir les identifier. Une sensation de mal être nous envahit dès que la lumière s'éteint. La musique est sombre, l'image projetée derrière est-elle colorée, mais elle ne nous met pas à l'aise, bien au contraire, elle nous glace le sang. Nous sommes pourtant en train d'écouter des compositions magistrales. Un mélange de sensations ineffables s’empare alors de nos tripes. Nous sommes perdus, déboussolés. Mais nous sommes ravis d'être dans cet état. Nouveau paradoxe.

Une véritable dimension religieuse et mythologique fait partie de la philosophie d'Ez3kiel. Tout ce graphisme dérangeant et cette volonté d'étirer le plus possible ces compositions musicales mettent à mal le public qui n'a pas l'habitude de vivre cela. Finalement, le secret de ces artistes réside peut-être dans ce verset bien connu fait de superlatifs et de violentes émotions :

« La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin, surgir l’œuvre du malin. Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la charité se fait le berger des faibles qu’il guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes, car il est le gardien de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant ! »

Ainsi furent créés un nouveau genre, et une nouvelle manière de penser la musique.
Ez3kiel acheva en deux heures son œuvre, qu'il avait faite.
Hugo_Harnois_Kr
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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