The Pelican Brief est un thriller basé sur un roman de John Grisham. Habitué à ce type d'histoire de complot, c'est le vétéran Alan J. Pakula qui réalisa l'adaptation cinéma en 1993. Julia Roberts joue le rôle d'une jeune étudiante en Droit qui découvre un complot gouvernemental (mais bien sûr !) derrière la mort de deux juges de la Cour suprême. Elle est aidée dans sa tâche par un gentil journaliste (Denzel Washington) et tous deux risquent leur vie pour faire éclater la vérité.
Pakula a souvent collaboré avec Michael Small pour les partitions de ses films. Cependant, il a parfois eu recours à d'autres compositeurs tels que David Shire, Marvin Hamlisch ou John Williams. C'est à James Horner que Pakula proposa de composer la musique de ses deux derniers films (celui-ci et The Devil’s Own). En 1993, James Horner est extraordinairement prolifique et est bientôt au sommet de sa popularité. Cette seule année 1993 a vue pas moins de 10 films composés par Horner. Avec le recul, cette partition pour le thriller de Pakula est restée plutôt ignorée bien que le film ait rencontré un certain succès.
La partition est à l'image du film: sans surprise. Cependant, tous les ingrédients que l'on est en droit d'attendre d'une partition d'un thriller de la part de James Horner sont là. Mais cet album vaut la peine pour un ingrédient en particulier, le morceau n°10: “Darby’s Theme” (qui ne figure pas dans le film mais a été arrangé spécialement pour l'album). Ce morceau est véritablement superbe, une mélodie centrale pour cordes dans la pure tradition hornerienne qui est vraiment magnifique.
Le gros du reste de l'album est construit autour de titres d'Action et de Suspense qu'Horner affectionne particulièrement. Les motifs principaux sont très similaires de ceux d'une précédente partition, celle de the Sneakers (1992). Le son en rythme de baguettes de bois qui s'entrechoquent suivi de voix féminines lointaines au début du titre "Main Title", suivi des synthétiseurs et des légères notes jouées au piano n'ont rien de vraiment nouveau chez Horner. Cependant c'est toujours très efficace à l'écoute. Ce qui est vraiment impressionnant, c'est comment le compositeur réussit à amener des petites touches du thème de "Draby's Theme" (spécialement les motifs au piano) au seins de plusieurs morceaux, les liant entre eux et donnant à la musique une réelle unité.
Dans le second morceau "The Pelican Brief" les nappes de violons possèdent une très bonne utilisation du tempo qui crée un détachement délibéré. On y entend des touches du fameux "Gayane's Adagio" de Khachaturian cher à Horner et que l'on entend dans nombre de ses autres compositions. Cependant, ici, sa présence est plus subtile qu'à l'accoutumée. “Researching the Brief” réutilise le même schéma que dans le premier titre de l'album avec une énergie plus palpable, et une tension sous-jacente omniprésente.
C'est avec "Hotel Chase" que l'action commence réellement. Des notes très graves de piano jouées en cascade, des violons qui tournoient, un martèlement de percussion, l'utilisation des synthés créant une atmosphère moite, tout cela est très proche du score de The Sneakers.
“Planting the Bomb” est un morceau de suspense au début qui explose littéralement grâce à des techniques chères à Horner comme le "crashing Piano", ce qui en fait un titre de musique d'action vraiment efficace.
La noirceur du morceau "Chasing Gray” est à son comble grâce à l'utilisation de sons synthétiques, alliés à des rythmique vraiment stressantes qui en font un titre d'action/suspense de choix.
L'album se clôt avec une pièce maitresse de 10 minutes, "Airport Goodbye", un morceau plus long reprenant le thème de Darby et insufflant de multiples émotions (un peu de romance et la séparation), et par dessus tout, le don de Horner de nous toucher l'âme avec un thème splendide qui se clôt en apothéose de beauté par un duel au sommet de violons et de cors français, suivi par des vocalises enchanteresses.
The Pelican Brief est particulièrement difficile à évaluer. On a d'un côté un superbe thème mais d'un autre des morceaux d'action et de suspense qui, s'ils sont vraiment efficaces dans l'ensemble, ont déjà été entendu maintes fois dans d'autres partitions du compositeur. Il y a également d'autres titres moins inspirés et moins intéressants. L'album est donc plutôt moyen, surtout au vu de l'œuvre de James Horner. Cependant, vous l'aurez compris, le thème principal est probablement l'argument majeur pour l'achat de ce score.