L'autre jour, alors que par curiosité je me lançais dans l'écoute de cet album, un ami me dit "The Pinkprint, c'est tout ce qu'on déteste chez Nicki Minaj !" Il commence à défendre sa thèse en prétextant que Nicki n'est pas une chanteuse mais une rappeuse. Étonnamment, ce même ami m'a avoué aimer le nouvel album de Jason Derulo, "on sent qu'il a vécu une rupture sentimentale etc etc." Bref, Jason sous prétexte d'une peine de cœur aurait le droit de passer de "Talk dirty to me" à "It's so hard to sleep" et Nicki ne pourrait pas dans un même album proclamer haut et fort "d*ck bigger than a tower" et "you played my heart like a grand piano" ?
Certes, de cet album le commun des mortels ne retiendra qu'Anaconda, qui, si vous la prenez au premier degré, n'est qu'un amas de vulgarités, mais qui, lorsqu'on s'interroge sur sa composition révèle que Nicki Minaj remobilise une culture rap 90s, alors dominée par les hommes, en reprenant sans vergogne "Baby Got Back" de Sir Mix A Lot, une simple provocation ou un joli pied-de-nez à une industrie du rap restée trop longtemps machiste ? (Question ouverte)
Comme je l'ai sous-entendu au début de cette critique, à côté de titres comme "Only" (que j'ai détesté) ou "Anaconda" se trouvent quelques perles inattendues comme "All things go", "Grand Piano" ou encore "Crying game" qui en mêlant rap et chant font référence à des épisodes "poignants" du passé de l'artiste ce qui apporte une nouvelle tonalité dans l'oeuvre. Là où certains voient une incohérence totale entre les titres de l'album, j'y ai vu la possibilité pour Nicki Minaj de mener de front son sens de l'auto-dérision avec des sons festifs ("Anaconda" "Trini dem girl" "The Night is still young) et un rap plus intime qui lui permet de revenir au fondamentaux du hip-hop américain.
Si Nicki Minaj décide de laisser son emprunte rose dans le monde du rap en y apportant la couleur qu'on lui connaît, elle refuse l'étiquette tant de Barbie que de "female rapper", elle revêt différentes casquettes et on la découvre artiste dans cet album, humaine et déjantée. "The Pinkprint", est-ce vraiment tout ce que l'on déteste chez Nicki Minaj ? Ne serait-ce pas plutôt ce qu'on espérait entendre, un recul progressif de la perruque pour un peu plus d’authenticité avec toujours autant de fraîcheur ?
Je vous recommande le petit reportage MTV "My Time Again" qui suit la publication de l'album.