The Pinkprint
5.6
The Pinkprint

Album de Nicki Minaj (2014)

L'autre jour, alors que par curiosité je me lançais dans l'écoute de cet album, un ami me dit "The Pinkprint, c'est tout ce qu'on déteste chez Nicki Minaj !" Il commence à défendre sa thèse en prétextant que Nicki n'est pas une chanteuse mais une rappeuse. Étonnamment, ce même ami m'a avoué aimer le nouvel album de Jason Derulo, "on sent qu'il a vécu une rupture sentimentale etc etc." Bref, Jason sous prétexte d'une peine de cœur aurait le droit de passer de "Talk dirty to me" à "It's so hard to sleep" et Nicki ne pourrait pas dans un même album proclamer haut et fort "d*ck bigger than a tower" et "you played my heart like a grand piano" ?


Certes, de cet album le commun des mortels ne retiendra qu'Anaconda, qui, si vous la prenez au premier degré, n'est qu'un amas de vulgarités, mais qui, lorsqu'on s'interroge sur sa composition révèle que Nicki Minaj remobilise une culture rap 90s, alors dominée par les hommes, en reprenant sans vergogne "Baby Got Back" de Sir Mix A Lot, une simple provocation ou un joli pied-de-nez à une industrie du rap restée trop longtemps machiste ? (Question ouverte)


Comme je l'ai sous-entendu au début de cette critique, à côté de titres comme "Only" (que j'ai détesté) ou "Anaconda" se trouvent quelques perles inattendues comme "All things go", "Grand Piano" ou encore "Crying game" qui en mêlant rap et chant font référence à des épisodes "poignants" du passé de l'artiste ce qui apporte une nouvelle tonalité dans l'oeuvre. Là où certains voient une incohérence totale entre les titres de l'album, j'y ai vu la possibilité pour Nicki Minaj de mener de front son sens de l'auto-dérision avec des sons festifs ("Anaconda" "Trini dem girl" "The Night is still young) et un rap plus intime qui lui permet de revenir au fondamentaux du hip-hop américain.


Si Nicki Minaj décide de laisser son emprunte rose dans le monde du rap en y apportant la couleur qu'on lui connaît, elle refuse l'étiquette tant de Barbie que de "female rapper", elle revêt différentes casquettes et on la découvre artiste dans cet album, humaine et déjantée. "The Pinkprint", est-ce vraiment tout ce que l'on déteste chez Nicki Minaj ? Ne serait-ce pas plutôt ce qu'on espérait entendre, un recul progressif de la perruque pour un peu plus d’authenticité avec toujours autant de fraîcheur ?


Je vous recommande le petit reportage MTV "My Time Again" qui suit la publication de l'album.

CharlesCrtn
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 juil. 2015

Critique lue 772 fois

4 j'aime

Charles Creton

Écrit par

Critique lue 772 fois

4

D'autres avis sur The Pinkprint

The Pinkprint
CharlesCrtn
6

Une nuance de rose un peu plus foncée

L'autre jour, alors que par curiosité je me lançais dans l'écoute de cet album, un ami me dit "The Pinkprint, c'est tout ce qu'on déteste chez Nicki Minaj !" Il commence à défendre sa thèse en...

le 20 juil. 2015

4 j'aime

The Pinkprint
killyourdarlings
6

Loin d'être un "Blueprint" mais quand même un bon album.

Le but de Nicki Minaj avec "The Pinkprint" était de revenir à ses racines hip-hop et délivrer un album qui serait un standard pour des artistes de rap féminines tout en étant très personnel, à la...

le 8 janv. 2015

2 j'aime

The Pinkprint
Ebyam
5

The Middleprint

J'ai été agréablement surprise malgré ma basse note, tout simplement parce que j'ai découvert dans cet album que Nicki Minaj était capable de faire de magnifiques chansons. Malheureusement celles-ci...

le 5 janv. 2015

Du même critique

Eyes Wide Shut
CharlesCrtn
9

"Je vous aime, je vous aime [...] surtout ne me méprisez pas" (Marion)

Ce film achève la carrière de réalisateur de Stanley Kubrick avec un véritable point d’orgue tant sur le plan esthétique qu’ « intellectuel » ! Réalisé à la veille de l’an 2000, Eyes Wide Shut met en...

le 23 nov. 2013

13 j'aime

6

Asphalte
CharlesCrtn
10

Tendres rencontres dans une barre HLM

Une poétique vie de banlieue Samuel Benchetrit revisite poétiquement l'habitation en banlieue HLM en bouleversant la vie de trois personnages types. Sternkowtiz le rabat-joie et raté du premier...

le 18 sept. 2015

11 j'aime

De l'autre côté du miroir
CharlesCrtn
9

"Est-ce qu’il faut vraiment qu’un nom veuille dire quelque chose ? demanda Alice d’un ton de doute."

Alors que l’on pourrait s’attendre à une simple réécriture d’ Alice au Pays des Merveilles, Lewis Carroll parvient à se détacher de son œuvre initiale en faisant preuve d’un style radicalement...

le 7 juil. 2013

9 j'aime

2