Faith No More m'a accompagné tout cet été, au fil des journées passées sur le transat avec une bonne bière fraîche et le soleil dans les yeux. The Real Thing a tourné un petit partout chez moi, c'était un peu mon ami secret. J'ai pleuré sur Zombie Eaters, sauté sur Epic, halluciné sur Woodpecker From Mars, bandé sur From Out Of Nowhere, hurlé sur Surprise ! You're Dead ! bref que d'émotions diverses et variées.
The Real Thing est le seul album de Faith No More qui m'a fait cet effet là. Non pas que *Angel Dus*t, King For A Day, "Fool For A Lifetime et Album Of The Year ne m'ont pas plu, mais aucun n'atteint la perfection divine de cet album.
On ressent parfaitement la spontanéité, l'envie de faire exploser la baraque, le folie que dégage The Real Thing. Il suffit d'écouter le premier titre pour se prendre une sacrée classe dans la gueule : From Out Of Nowhere rappelle les groupes de Post-Punk des années 80 avec ces putains de claviers kitsch, son riff simple mais efficace comme pas possible et bien sûr la voix exceptionnelle de Mike Patton. Ce dernier signe son premier effort avec Faith No More, on est bien loin de Chuck Mosely. Patton est capable de choses folles, donnant au plaisir une nuance d'émotion dans sa voix ("Zombie Eaters") ou un côté nasillard irrésistible (Falling To Pieces, The Morning After).
Faith No More mélange habilement les styles. Le Funk/Rap dégouline de partout avec une basse surpuissante, qui rappelle par moment Flea des Red Hot Chili Peppers. Même sur les titres plus Metal, Bill Gould est omniprésent. Faut dire que c'est lui qui mène la barque sur le tubesque Epic, un titre archi-connu avec ses phrasés Rap emmené par un Mike Patton en grande forme. Cette chanson est un petit chef d’œuvre à lui-seul (comme chaque titre de l'album, si on y regarde bien), les paroles sont facilement mémorisables et on se prend au jeu en hurlant les "What is it ? It's It !", la fin est superbe et magnifique avec le petit air de piano. Un classique du Rock ! C'est encore Gould qui emmène le monstrueux The Morning After, un excellent titre qui développe une ambiance sombre (merci les claviers) et qui débouche sur un refrain explosif et assez inquiétant (et que dire du court riff de gratte !).
Le côté Metal est aussi présent que le jeu de Bill Gould. Chaque chanson revêt à un moment ou l'autre ce côté qui donne violence et bonheur à la fois. La reprise du célèbre War Pigs claque bien, Faith No More s'approprie parfaitement la chanson. Les coups de médiator sont terriblement Heavy et donne une forte envie d'headbanguer. Surprise ! You're Dead est un titre 100% Metal avec des riffs qui imposent le respect, le côté déstructuré est fort agréable. Jim Martin montre tout son talent, on assiste à une véritable orgie tandis que Patton crie comme un beau diable.
L'aspect funny présent sur Introduce Yourself est toujours présent, mais en proportion réduite. Falling To Pieces est limite drôle avec ses parties de chant, ses claviers encore une fois kitsch et son côté funky (écoutez donc le petit phrasé rappé et son refrain lancinant). Idem pour Underwater Love qui n'est pas dégueulasse du tout, les claviers font penser à un film de Tim Burton, c'est fort amusant ! La palme revient à Edge Of The World dans le registre décalé, c'est un peu le Easy de The Real Thing. Cette dernière chanson donne l'impression d'être dans un luxueux bar, attendant au bar avec un martini à la main, une jolie demoiselle qui viendrait passer la nuit avec soi. C'est calme et relaxant. Quelle merveilleuse idée de finir sur Edge Of The World !
Tout n'est pas rose dans l'univers de Faith No More. Deux titres en particulier nous le rappellent : Zombie Eaters et The Real Thing. Le titre éponyme est un immense plaisir de 8 minutes et 13 secondes. L'univers développé est noir et assez pessimiste, entre les passages Heavy/Rap et les breaks beaux et dépressifs, Faith No More frappe un grand coup. Mike Patton montre encore une fois son immense talent. Quant à Zombie Eaters, c'est simple : voilà une des plus belles power-ballades écrites. Le thème à la guitare acoustique est beau comme un soleil couchant, les claviers renforcent cet aspect. Patton illumine la chanson en adoptant une voix touchante et intime. La seconde partie est terriblement Heavy, tout en gardant cet aspect où l'émotion et la beauté prônent. L’accélération est à pleurer de bonheur... que dire des riffs de Jim Martin et de la voix de Mike Patton ? Bah rien justement, on écoute et on bave de plaisir.
Il ne faut pas oublier le formidable instrumental qu'est Woodpecker From Mars. Avec son air oriental et sa rapidité à toute épreuve (quel jeu martial ce Mike Bordin !), cette chanson s'impose comme un des poids lourd de The Real Thing. Elle arrive même à créer une beauté indéchiffrable avec son break qui parait lointain, très lointain...
The Real Thing est un chef d’œuvre, n'ayons pas peur des mots allez ! Les cinq musiciens atteignent un degré de perfection ahurissant, chacun complète l'autre sans empiéter sur son terrain : Bordin et Gould forment une base rythmique ultra-solide, Roddy Bottum aux claviers apporte à chaque fois une touche de feeling indispensable, Jim Martin acère à merveille sa guitare en alternant les riffs monumentaux et les parties clean plus calmes et Mike Patton... bah faut-il encore dire que ce mec est un génie ?
Faith No More frappe très fort, et devient un des piliers de la Fusion. Un disque monumental, remplit de pépites que le temps ne fait pas disparaître.
Chansons favorites : From Out Of Nowhere, Epic, Zombie Eaters, The Morning After, Woodpecker From Mars (en fait, elles sont toutes excellentes, très difficile de faire un choix).
(critique publiée précédemment sur le site Nightfall sous le pseudonyme KingKilling)