Au début on appelait ça des versus. Par exemple Massive Attack vs Mad Professor. Depuis on préfère parler d'associations, terme moins agressif et mieux trouvé pour parler d'un projet où deux artistes différents ont mis leur univers en commun. Comme les rappeurs de Themselves avec Notwist (13&God) ou Why ? avec Fog (Hymnie basement). Nouveau projet en date : Fat Jon rappeur US et l'électronicien-pop belge Styrofoam. Deux artistes au monde très différents mais qui arrivent dans les meilleurs moments de l'album à être sur la même longueur d'ondes, le fameux "same channel" du titre. L'album montre différents voies possibles pour rendre cette osmose possible. Méthode n°1 : Pleed met en avant la voix rappée de Fat Jon sur des ambiances modulantes de Styrofoam. Sur ce genre de morceau, chacun occupe son propre plan, sans pour autant saturé l'espace, ce qui renvoie aux meilleurs réussites de Londinium d'Archive. Méthode n°2, c'est Fat Jon qui occupe d'abord le terrain pour laisser à son ami belge le soin de conclure.
Il faut voir comment ils arrivent à changer totalement l'univers dans un même morceau : dans Acid rain robot repair, le hip hop sombre et urbain rap par Fat Jon évolue dans une synthé pop joyeuse et ludique à la Solvent, sans que l'on ressente la césure (ce qui en fait tout l'intérêt et la challenge) Méthode 3 : Sur Running circles (maus aussi Upgrade), modèle de IDM (intelligent dance music), les univers se fondent plus, et joue l'alternance à égale importance. Est-ce un hasard mais ce morceau devient la plus grande réussite de l'album. Méthode 4 (que l'on pourrait appeler méthode Hood): Utiliser l'organe et le flow de Fat Jon pour donner un peu plus de corps à la musique vaporeuse de Styrofoam. La présence du rappeur est ici indicielle mais nécessaire pour donner à Nervous inaction sa complexité. The Same channel modélise le genre et peut donner des idées à d'autres. Allez faîtes vous des amis et faîtes des bons albums comme celui-ci