« Je recommence à vivre après ma mort. Je ressuscite après la mort. » (Textes des Sarcophages, V, 438)


Dans l'Égypte Ancienne, des inscriptions se trouvaient parfois sur le sarcophage du défunt. Issues des Textes des Pyramides et formant le corpus des Textes des Sarcophages, l'intéressé sélectionnait certains de ces écrits de son vivant, afin de se protéger des dangers de son voyage vers le royaume des morts. Une mort qui, selon leurs croyances, n'était que le début d'une autre vie, comme l'illustre la citation plus haut.


Ce cycle de la vie et de la mort, inlassablement le même, se retrouve dans la doctrine de Nietzsche, dite de l'éternel retour. Une doctrine qui se trouve au cœur de The Silent March de Secret Pyramid, pseudonyme d'Amir Abbey qui résonne désormais d'une nouvelle manière. Un album sorti initialement en 2011 chez Nice Up International et que ré-édite le label Students of Decay, un an après son très beau Movements of Night.


À l'inverse de ce dernier, plus doux, The Silent March est intense, épique. À l'image de Outside, morceau d'ouverture de l'album et qui cristallise les premiers instants de la vie. Une naissance incarnée par cette voix qui s'éveille, diluée sous les vagues de drones, tels les premiers rayons de lumière qui inondent la rétine, abrasifs. Pris dans le ressac de ses boucles, de la même façon que l’on ne peut échapper à cette valse entre la vie et la mort, le courant nous entraîne sur le rivage des souvenirs, du deuil (Silent March I) et ne lâchera son emprise qu'à la mort (Silent March II, qui conclut évidemment le disque).


Des marches silencieuses aux allures de processions funèbres (et dont le pas retentit par moment), mais qui, pourtant, ne sont pas alourdies par la fatalité. La voix revient en cela régulièrement, rassurante, apaisante, afin de nous guider dans les méandres de ce cycle éternel. Un cercle où des notes plus légères émergent (Still Return), se déversent par torrents sur nos corps (le magistral Her Spirits) ou élèvent vers le divin (l’incroyable Eternal). Des titres qui renvoient parfois aux travaux de Nietzsche, présent en filigrane au travers de l'album.


Tel le texte sur les sarcophages qui agit comme un sortilège pour protéger l'embaumé, The Silent March est un album-totem qui repousse les zones d’ombre hors du visible. C'est une œuvre impressionnante, qui clôt une très belle année chez Students of Decay. Le label profite d'ailleurs de cette ré-édition pour publier un double CD des deux premiers albums de Secret Pyramid, The Silent March / Movements of Night (ici).


http://www.swqw.fr/chroniques/drone-ambiant/secret-pyramid-the-silent-march.html

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le 11 sept. 2015

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