Spain est de retour après 10 ans d'absence mais ne change pas d'un iota sa musique pour un spleen aux couleurs mordorées. Une vraie western soul, classique mais finement ciselée.
Fils du jazzman Charlie Haden, Josh a sû se faire un prénom dès son premier album. Caché sous le nom de Spain (en fait un vrai groupe avec aujourd'hui, Daniel Brummel Randy Kirk, Matt Mayhall), l'Américain sortait avec The Blue Mood of Spain un des albums majeurs des années 90. Aussi proche de l'Espagne que"Brazil" (le film), l'était du Brésil (c'est-à -dire sans rapport aucun), le groupe trouvait illico un son propre, qui, dans une veine folk électrique, exhalait , chaleur et émotion ; des atmosphères lentes et monotones certes mais dans laquelle il faisait bon de paresser. Spain peut être parfois comparé à un Tindersticks américain, ce qui est un gage de la classe musicale du groupe.
Plus de 17 ans après ce coup de maître et surtout 11 ans après ce que l'on croyait être leur dernier album solo (I believe) ressort donc un album signé Spain. Charlie, invite d'ailleurs toutes ses soeurs à participer à cette nouvelle aventure, Petra, Rachel et Tanya, à la voix, violon, violoncelle, ou à l'alto.
4e album du groupe, The Soul of Spain restitue un album égal à lui-même, un groupe figé dans son style. Renvoyant au, blue mood, de leur premier opus (même la pochette y fait écho), le"soul" du titre , doit d'ailleurs être perçu aussi pour ça : c'est bel et bien l'âme musicale du groupe qui est restitué ici, dans sa globalité et sa spécificité. Ensuite, ce"soul" renvoie au style même du disque, non pas une soul black ni même une, "northern soul" mais bel et bien une"western soul", terminologie que l'on veut bien inventer pour eux, : la voix de Charlie Haden, la musique ourlée d'orgue et guitares gretsch, de choeurs enveloppant, il y a là une chaleur toute particulière qui émane de ce disque contrebalançant la tristesse diffuse du propos. Spain cultive aussi le parfum suranné d'une musique qui aurait pu être produite dans les années 60 avec un groupe vestimentairement tiré à 4 épingles.
Finalement, tout ceci, l'auditeur habitué à Spain, le savait déjà . Il y a bien deux titres (Miracle Man et Because Your love) qui révèlent un groupe plus pêchu et plus rock qu'à l'accoutumé mais fondamentalement rien de nouveau sous le soleil mordoré qui gravite paisiblement au dessus du groupe. Le choc étant passé, reste le plaisir de retrouver Spain. Une petite madeleine de spleen qu'on prend plaisir à revivre.