A voir l’insupportable Mika tortillé du cul, on se mettrait presque à exécrer tous les maîtres de l’entertainment musical. Heureusement, Will Sheff est là et avec lui, on passe de l’amertume (pour ne pas dire l’énervement) à la pure réjouissance. Ce cinquième album d’Okkervill River marque une étape importante dans l’évolution du groupe. En apparence plus policé ou en tout cas conforme aux standards radiophoniques, The Stages names se veut plus pop et moins brouillons que ces prédécesseurs. Un album classique dans sa facture, dans ses arrangements rustiques comme une nouvelle plongée dans les pubs des Etats-Unis dans les années 70. Okkervill River multiplie d’ailleurs les hommages (à Joe Cocker sur Tittle track aux Beach Boys sur le magistral final John Allyn Smith Sails).
The Stages names est une bonne claque à toutes les mauvaises pensées et Our life is not a movie or maybe ou Unless it’s kicks, chanté gorge déployé à la Bono, redonnerait la patate à un paraplégique. Ce qui est fort, c’est que Will Sheff n’a rien perdu de sa plume acerbe et un sentiment de tristesse traverse l’album aussi sûrement que la Route 66 traverse les USA (la musique se met au diapason de cette mélancolique sur le joli Savanah blues). Shelf a un perpétuel vague à l'âme, peut-être parce que sa mythologie américaine n’existe plus (si tant est qu’elle ait vraiment existé). Peut-être car Mika truste les charts et que Okervill river n’est encore que trop confidentiel. Ce dernier point pourrait changer.