Qui a dit que les grands créateurs devaient mettre des années à accoucher d’un bon disque ? Qui a dit que les grands créateurs devaient être des âmes torturées ? Avec son groupe Okkervill River, Will Sheff sort deux albums en l’espace de 10 mois et ce The Stands ins, comme les précédents, a des airs d’auberge espagnole où une quinzaine de musiciens sont tous venus pour jouer ensemble. Inventaire des petits plaisirs distillés par les Américains : ils chantent la-la-la avec un plaisir sans égal et ils font dans la rythmique canaille avec une joie communicative (Lost coastlines).
Ils font un retour dans les années 50 et on serait porter à croire que cette musique country-folk est toujours aussi jouissive aujourd’hui (Singer songwriter). Ils jouent les crooners sensibles (entre Morrissey et Chris Isaack sur Starry stars). Ils ruent dans les brancards dans un désir de défoulement d’énergie (Pop lie). Il se retrouve seul au piano avant que tous ses amis (et leurs cordes, et leurs cuivres) viennent le porter haut (On tour with Zykos qui pousse Coldplay au vestiaire). Ils font un résumé de tout ça sur un dernier Bruce wayne campbell interviewed on the roof of the Chelsea Hotel, 1979, titre à rallonge mais à la finesse rare. Rien que l’on ne savait déjà d’Okervill River. Mais chaque album, c’est comme retrouver une bande de pôtes et en faire un festin qui fait chaud au cœur.