The Stooges
7.7
The Stooges

Album de The Stooges (1969)

Il y a deux détails qui m'amusent toujours quand on parle du premier album des Strooges. Le premier est que l'on a le besoin de parler de la fin des sixties. Comme si 1969 avait été une année de rupture. Comme si en 1970, le monde musical avait changé. Rien n'est moins faux pourtant, Joe Cocker ou Led Zeppelin sont dans la droite ligne des années 60, Hendrix et Janis Joplin ne sont pas encore décédés et nous offrent la continuité de leurs œuvres. Voir dans les Strooges un point de rupture dès lors n'a pas de sens. Ils annoncent un avenir, c'est certains. Pour autant sont-ils dans la rupture au sens d'un avant et d'un après ? Pas sûr : l'après n'est pas encore arrivé.
Le deuxième détail qui me fait toujours rire est qu'une grande part des fans des Strooges ne cessent de dire qu'ils ont été la principale inspirations des Ramones et Sex Pistols. Être l'inspiration de groupes composés de non-musicien n'est pas des plus rassurants il me semble. Et j'ai beau admirer les Ramones, les Sex Pistols est quand même le chainon manquant entre un boys band et le nihilisme, alors bon … Pas sûr que ce soit vraiment de bonnes références.


Ce détail passé, que peut-on dire de cet album ? Que souvent on juge Iggy Pop à travers les Stooges et qu'on juge les Stooges à travers cet album ? Le résultat est qu'on se berce d'illusions. On en oublie l'aspect profondément simpliste qui dépasse parfois le cadre du simple. On oublie que cet album est le premier chemin vers une musique qui n'est plus du tout réfléchie.
Mes paroles peuvent être dures, mais il faut bien comprendre que si ce disque fut détesté à sa sortie ce n'est pas que les critiques étaient devenues idiotes (les mêmes qui comprenaient immédiatement le génie des Zep' quand même), mais bien plutôt qu'il y a encore dans cet album beaucoup de jeunesse d'une part, et des idées qui ne parviennent pas toujours à aboutir de l'autre côté. Cette jeunesse se fait réellement sentir et les Stooges proposent un disque n'ayant pas encore atteint sa maturité.


Pourtant, les Stooges montrent déjà qu'ils ont compris que le simple ne veut pas toujours dit simpliste. Le côté shamanique de la musique, l'état de transe de I wanna be your dog suffit à montrer le bon chemin. 1969 permet également de saisir que la volonté de faire du « simple » n'est pas une fatalité dans le groupe. Loin de là. Basse sexy à souhait, batterie qui fait le taf, chant qui motive et guitare folle.
Car plus qu'Iggy c'est bien Ron Asheton que le monde découvre avec ce disque. Ultra-influencé par Hendrix, mais possédant moins de talent (on ne peut lui en vouloir, c'est normal), il préfère troquer la liberté de la guitare d'Hendrix pour un son personnel, propre et ô combien unique à l'époque. Wah-wah à tout va avec une distorsion de folie. Ce son horrible, dégueu' à souhait qui a déjà fait sienne sa propre marque. On a trop tendance à oublier que si cet album est réputé c'est avant tout, quasiment même que, pour ce son.


Passé ce son de guitare en effet, on comprend qu'Iggy n'est pas encore un aussi bon chanteur (ni parolier) qu'il le sera. On comprend que la batterie est souvent fade et la basse manquant de courage. Les deux préfèrent se cacher derrière des paroles obscènes (ou faussement obscènes, des trucs de jeunes quoi) et un guitariste qui lui, ose plus que tout s'imposer (et avec raison).


On retiendra vaguement We will fall qui essaye d'offrir un morceau psyché à la sauce Stooges. Pas terminé réellement, osé tout en gardant une certaine timidité, le passage est appréciable. No Fun lorgne vers le Rolling Stone mais révèle aussi le manque d'idées. Les autres titres sont assez agressifs, mais pas tant que ça finalement par rapport à d'autres musiciens de la même époque (tient on parlait d'hendrix, non?). Pourtant il y a quelques idées intéressantes et bonnes telle Ann.


Je vais donc me faire défoncer par tous parce que j'ose dire que le premier album est ce qu'il est : un premier album d'un jeune groupe qui est vaguement prometteur en terme de son de guitare, qui ose beaucoup à ce titre, qui a quelques idées intéressantes mais qui tombe parfois dans le simplisme, qui est encore peu maître de soi.
Mais reste que ce premier disque a permis de changer une bonne partie du monde de la musique, car justement il n'était que le premier disque … Or ne donnons pas à cet album les qualités des suivants et ne donnons pas non plus aux suivants les défauts de ce premier.

mavhoc
6
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le 13 oct. 2017

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