Avec John Darnielle, on suit d'autant plus facilement l'évolution de son œuvre que l'Américain sort chaque année son album. Depuis la signature sur 4AD et Tallahassee , The Mountain Goats était devenu un projet musical à vocation un tant soit peu professionnelle, Darnielle refusant de suivre le parcours chaotique de Daniel Johnston. Le précédent We shall all be healed avait offert une musique plus polie et un vrai groupe derrière l'artiste solitaire mais sauvegardant toujours sa vraie personnalité. L'évolution est encore plus probante avec The sunset tree puisque Darnielle laisse l'intégralité de la production à un autre, John Vanderslice. Belle preuve de confiance pour quelqu'un qui a commencé à s'enregistrer sous la douche. La voix nasillarde est toujours là, ainsi que son flot rapide. La guitare acoustique est toujours au centre de tout mais l'orchestration n'a jamais été aussi étoffée. Darnielle se laisse même soutenir par un quatuor à cordes dramatique et sauvage (Dilaudid). Tout comme le dernier Herman Düne, The Mountain Goats est au paroxysme de sa "pop attitude" (This year ou le guilleret Dance music). Darnielle aurait pu finir en musicien maudit comme Hank Williams ou en artiste dérangé comme Johnston. Mais il a choisi d'avoir son Crazy Horse ou son The Band autour de lui. En tout cas, pour le plus grand nombre, c'est le moment de découvrir cet artiste hors-pair.