Que dire de The Wall quand tout a déjà été dit (phrase de flemmard qui pourrait sous-entendre que ma critique va être du recyclage d’arguments déjà vu sur SensCritique).
Tiens, je vais vous raconter, comment je me suis retrouvé face à cette œuvre et mes premières nausées en écoutant de la musique.
Tenté par cette jaquette un peu flippante du film « Pink Floyd the Wall », j’avais fini par le louer et regarder le film sans trop savoir de quoi ça parlait. Je savais même pas qu’il s’agissait d’une adaptation imagée de l’album en question (j’étais vraiment pas renseigné sur le film, je savais juste qu’il y avait Another Brick in The Wall). A vrai dire, je ne savais pas que c’était un film essentiellement fait de musique et de scènes psychédéliques. Au bout d’une heure trente, le film s’était achevé… et j’étais mal. Aussi mal que quand j’avais vu le final de Gran Torino ou regardé The Human Centiped. J’avais un sentiment de nausée cérébral insupportable (oui, je viens de créer cette expression pour tenter de vous faire comprendre le malais qu’a été ce visionnage).
Ce n’était que plus tard, que j’ai compris qu’il s’agissait au départ d’un album. Je m’y suis alors de nouveau plongé, histoire de retenter le coup, et encore une fois, le malaise était présent, mais moins douloureux.
Je dis souvent que pour apprécier une œuvre, aussi complexe qu’elle soit, il faut se forcer. The Wall valait la peine de forcer. Le truc, c’est que cet album dépasse tout. C’est genre l’Everest du rock. Il faut de la conviction pour aller au bout. Mais une fois qu’on a dompté l’œuvre, qu’on a fini par la comprendre, on atteint une nouvelle forme de plaisir musical.
En continuant d’écouter The Wall de plus en plus régulièrement pour essayer de comprendre son propos, en me renseignant sur le comment du pourquoi et le processus de création de cet album, j’ai fini par aimer The Wall.
Ce que je trouve sidérant avec The Wall, c’est à quelle point Roger Waters a fait preuve d’une ambition démesurée. On connait la mégalomanie du gars, et il n’est pas étonnant que celui-ci ait voulu aller plus loin qu’aucun artiste ne l’avait fait auparavant. Car admettons-le, aucune œuvre musicale ne va plus loin dans la recherche de la perfection que The Wall. Waters s’est donné un objectif immense. Faire de cette album-concept, un véritable récit universel cherchant à aborder mille thématiques tout en gardant une cohérence avec le style musical des Pink Floyd.
Waters n’a pas atteint son objectif. La barre était trop haute, même pour un gars de son envergure. A la place, nous avons eu droit à ce rendu, qu’est le Wall que nous connaissons tous. Le rendu en question a pu en dérangé plus d’un. Car The Wall n’est pas un Pink Floyd. Ou du moins, il n’en a pas le style. Oubliez les longues notes sublimes de Wish You Were Here, oubliez ce voyage psychédélique de Dark Side of the Moon. Cette fois-ci, plongez-vous dans l’horreur de la drogue, du totalitarisme, de la guerre, de la dépendance, de la dépression, des problèmes conjugaux, de tout ce qu’il y a de douloureux dans la vie humaine.
Oui, The Wall est insupportable. Ses mélodies déchirantes, ses longueurs harassantes, ses purs moments de folie. L’album nous plonge dans une horreur abyssale.
Mais dans ces moments de douleurs, arrivent des morceaux de toute beauté. Entre un étourdissant Another Brick in The Wall part 2 et un effrayant Goodby BluSky, nous pouvons entendre la douce mélodie d’un Mother. Entre un étrange Bring the Boys Back Home et un inutile The Show Must Go On, se trouve mon morceau préféré, Comfortably Numb et son solo divin qui vous fera ressentir la joie comme jamais.
Voilà donc ce qu’est The Wall, des montagnes russes. Je n’ai pas la prétention de dire que The Wall est un album grandiose et que ceux qui n’ont pas aimés n’ont rien compris. Car c’est tout à faire compréhensible de ne pas aimer The Wall. Mais si on s’y plonge pleinement et qu’on accepte de se faire torturer par Roger Waters à coup de longs Don’t Leave Me Now, Hey You ou The Trial, alors de beaux morceaux comme The Thin Ice, Is There Anybody Out There, et le sublime Comfortably Numb apparaîtront comme de chef d’œuvres qui vous feront vivre la joie ultime.
The Wall n’est pas un album qui s’écoute, c’est un album qui se vit. Je n’ai donc qu’un conseil à vous donner : vivez The Wall.